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La « Hohe Messe »

Le prochain concert de la saison des Grands Interprètes vise haut ! La Messe en si mineur de Bach le Grand est en effet également qualifiée, à titre posthume, de « Hohe Messe », ou grande messe. Elle sera interprétée le 21 avril à la Halle aux Grains par l’ensemble instrumental Les Musiciens du Louvre-Grenoble et un petit groupe de chanteurs placés sous la direction de Marc Minkowski.

Etalée sur vingt années, la composition de la Messe en si mineur de Johann Sebastian Bach correspond à un lent processus de regroupement de plusieurs épisodes épars conçus à diverses époques. Le Sanctus date à l’évidence de 1724, alors qu’une première synthèse, qui réunit le Kyrie et le Gloria, est envoyée à Dresde en 1733, accompagnée de la dédicace : « A son Altesse Royale et son Altesse Sérénissime le Prince Electeur de Saxe ». C’est donc à Friedrich August II, le nouvel Electeur de Saxe qui vient d’accéder au trône de Pologne, qu’est adressée cette première version. Ce n’est probablement qu’en 1747-1749 (l’hypothèse la plus étayée) que Bach réunit enfin le Sanctus initial, au manuscrit de 1733 et à la dernière partie de la messe, Osanna, Benedictus, Agnus Dei et Dona Nobis Pacem.

Les Musiciens du Louvre-Grenoble réunis autour de Marc Minkowski
(Photo Elizabeth Carecchio)

Une question reste posée. S’agit-il d’une célébration luthérienne ou d’une messe catholique ? Quelques exégètes optent pour une réponse à la Salomon : c’est une œuvre œcuménique ! Cette hypothèse correspond tout-à-fait à l’attachement religieux de son dédicataire. En effet, Friedrich August, fondamentalement luthérien en tant que Prince Electeur de Saxe, pratiquait également la religion catholique en tant que roi de Pologne. De plus, une analyse détaillée du texte de l’œuvre montre que chaque épisode de la messe, pris séparément, relève de l’Eglise évangélique, alors que le traitement des cinq pièces de l’ordinaire de la messe le rattache au culte catholique.

Quoiqu’il en soit, la Messe en si mineur, chef-d’œuvre incontestable de toute la musique sacrée, ne fut jamais exécutée intégralement du vivant de Bach, et une certaine latitude est donc laissée aux interprètes quant à la composition instrumentale et vocale de son exécution. Marc Minkowski et ses Musiciens du Louvre ont choisi de ne pas utiliser un grand chœur, mais plutôt un ensemble de solistes, solution qui se pratiquait couramment durant toute la période baroque. Interprétée sur instrument d’époque et dans le style baroque aussi proche que possible de l’original par cette belle phalange instrumentale, la Messe en si mineur sera donc chantée par un groupe de dix solistes chargés aussi bien des arias que des interventions chorales. Les chanteurs ainsi réunis sont les suivants : Ruby Hughes, Ana Quintans, Pauline Sabatier, Blandine Staskiewicz, sopranos, Nathalie Stutzmann, Terry Wey, altos, Colin Balzer, Emiliano Gonzalez Toro, ténors, Christian Immler, Luca Titotto, basse.

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