Un nouveau cycle musical vient de s’ouvrir. A l’initiative de Catherine Kauffmann-Saint-Martin, la très belle Orangerie de Rochemontès, sise à Seilh, près de Toulouse, accueille au cours de cette première saison trois spectacles originaux animés par des artistes de qualité. La grande première se déroulait dans la fraîcheur vespérale du dimanche 29 février dernier.
La belle orangerie de Rochemontès qui accueille le premier spectacle du cycle
– Photo Jean-Jacques Ader –
Pleine à craquer, la belle et vaste salle de l’orangerie, brique rouge et poutraison boisée, recevait ainsi un public bariolé, chic mais décontracté. A l’évidence, la création de ce nouvel événement répond à un besoin, à une curiosité qui titille bon nombre de mélomanes. Mais pas seulement. Il est vrai que cette première manifestation, intitulée « Une soirée chez Riquet », ne revêt pas la forme d’un concert traditionnel. Il s’agit bel et bien d’un concert-lecture associant musique et paroles. La musique est celle que dispensent avec finesse et élégance les artistes de l’orchestre Les Passions dont le répertoire de prédilection coïncide précisément avec l’époque évoquée ici. Les paroles, brillamment reconstituées, imaginées et prononcées par l’acteur Maurice Petit, sont replacées dans la bouche du grand visionnaire que fut Pierre Paul Riquet. Celui-ci, au soir de sa vie, reçoit ses familiers et ses collaborateurs en son château de Bonrepos, pour leur conter l’histoire extraordinaire de la construction du canal du Midi.
Riquet et ses amis musiciens, menés avec une bienveillante exigence par Jean-Marc Andrieu, apparaissent donc, vêtus comme il se doit « façon grand siècle », pour conduire l’assistance dans un voyage dans le temps. Un voyage à la fois instructif et plein de charme. Maurice Petit, Riquet plus vrai que nature, évoque les moments-clés de son grand œuvre pharaonique. Habilement reconstitué par l’acteur lui-même, un dialogue entre Riquet et son ami Andrieu (mais oui Jean-Marc Andrieu ainsi immortalisé pour trois siècles !) s’instaure alors, évoquant les étapes décisives de cette épopée. Des portraits piquants ou touchants émaillent ce parcours. Ceux des familiers de Riquet mais également ceux des grands personnages de l’époque, l’énigmatique Colbert ou le généreux Vauban.
Le comédien Maurice Petit (Pierre Paul Riquet) et les musiciens de l’orchestre Les Passions
De gauche à droite : Jean-Marc Andrieu (flûte et direction), Nirina Betoto (violon), Marjolaine Cambon (viole de gambe), Florent Marie (théorbe) – Photo Jean-Jacques Ader –
L’ami Andrieu aborde quant à lui le monde musical en vogue à Versailles et l’illustre par une série de pièces raffinées. Marin Marais, le grand violiste, ouvre la soirée sur l’une de ses Suites à deux dessus et basse continue. Les dessus ne sont autres que la flûte de Jean-Marc Andrieu et le violon de Nirina Betoto. La basse continue réunit la viole de gambe, tenue par Marjolaine Cambon, et le grand théorbe de Florent Marie. Ces deux artistes prolongent cet hommage à Marin Marais par un beau duo pastoral intitulé « La fête champêtre ». Les musiciens honorent également François Couperin, auquel Andrieu promet une carrière brillante, à travers quelques extraits de ses Concerts Royaux dans lesquels la flûte, le violon et la basse continue échangent leurs discours. C’est sur la belle Allemande de Robert de Visée, « La Royale », joliment déclamée par le théorbe de Florent Marie, que se conclut cette vesprée fraternelle.
Les deux rendez-vous suivants auront lieu le dimanche 11 mars, pour un « Duo rêveur, tzigane et diabolique » réunissant la violoniste Clara Cernat et le pianiste Thierry Huillet, et le dimanche 13 mai, avec la grande pianiste Muza Rubackyté, invitée pour un « Récital romantique de la Baltique à l’Adriatique ». A vos agendas !