Concerts

Haydn, l’essence du sacré

L’Orchestre de Chambre de Toulouse avait choisi de consacrer l’essentiel de son dernier concert d’abonnement à Joseph Haydn et sa partition sacrée la plus humaine, la plus dramatiquement intense, celle de l’oratorio « Die sieben letzten Worte unseres Erlösers am Kreuze » (Les Sept Dernières Paroles de notre Sauveur sur la croix). Accompagnée de deux pièces appartenant au même courant du classicisme, cette œuvre représente la version oratorio d’un thème qui a mobilisé la science et la sensibilité du grand compositeur.
Comme le rappelle Gilles Colliard, en début de soirée de ce 26 avril, la longévité de Joseph Haydn, exceptionnelle pour l’époque, fait de ce génial inventeur de musique le maillon essentiel qui couvre toute la période classique, reliant ainsi l’époque baroque et les prémices du romantisme. Du haut de ses 77 ans, à comparer aux 35 années de courte vie de Mozart, il a connu l’apothéose baroque et fut le professeur de Beethoven !

L’Orchestre de Chambre de Toulouse, dirigé par Gilles Colliard, avec le Chœur de L’Escale Chromatique et les solistes. De gauche à droite : Marlène Moly, soprano, Perrine Malgouyres, mezzo-soprano, Christophe Juniet, ténor et Jean-Christophe Fillol, baryton

– Photo Classictoulouse –

Le thème des Sept Dernières Paroles du Christ a inspiré à Haydn une série de partitions successives adaptées à des formations diverses. Une commande venue d’Espagne en est à l’origine. Cette commande concernait une musique purement instrumentale destinée à illustrer ces divines paroles. Composée d’abord pour orchestre et créée à Cadix en 1786, cette œuvre est ensuite transcrite par Haydn lui-même pour quatuor à cordes, un « instrument » qu’il a porté à sa perfection. Elle est suivie d’une version pour piano, puis, au début de septembre 1795, par l’aboutissement final d’un oratorio. Il s’adresse, pour le texte mis en musique, au baron Gottfried van Swieten qui réalisera plus tard les livrets des deux oratorios majeurs que sont La Création et Les Saisons.

Rejoint pour l’occasion par le Chœur de l’Escale Chromatique, dirigé par Samuel Crowther, par ailleurs claveciniste de l’orchestre et également flûtiste, l’Orchestre de Chambre est dirigé avec ferveur par Gilles Colliard. Avant chaque mouvement, le violoniste-chef d’orchestre déclame en outre avec la simplicité solennelle qui convient, les paroles sacrées qu’illustre la musique. Une musique à laquelle il confère toute sa cruauté, son âpreté. Point d’alanguissement sentimental, mais une progression dramatique impressionnante qui conduit de « Père pardonne-leur… » à l’irrémédiable « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Les accents sont marqués sans concession, aussi bien par les cordes que par les voix du chœur et des solistes. Marlène Moly, soprano, Perrine Malgouyres, mezzo-soprano, Christophe Juniet, ténor et Jean-Christophe Fillol, baryton, placent leur ferveur au service d’une des pièces les plus émouvantes du répertoire classique, héritière des Passions de Johann Sebastian Bach. Le fameux Terremoto (Tremblement de terre) conclut l’œuvre sur une agitation libératoire de toute la tension accumulée.

Samuel Crowther dirige l’Orchestre de Chambre de Toulouse et son Chœur de l’Escale Chromatique dans l’Ave Verum Corpus de Mozart. – Photo Classictoulouse –

L’exécution de cette œuvre majeure était précédée de celle du Concerto Grosso op. 5 de Giovanni Battista Sammartini, l’un des musiciens les plus célèbres de son époque. Ce concerto pour violon solo et cordes représente l’une des illustrations de la nuit de Noël. On y retrouve dans le final cette évocation de la musette, instrument emblématique de la pastorale si souvent associée à la crèche. La transition avec l’oratorio de Haydn passe par l’exécution de ce génial concentré de musique que constitue l’Ave Verum Corpus, pour chœur et cordes, de Mozart. Pour cette petite poignée de minutes, concentré d’une intense émotion retenue, Gilles Colliard cède sa baguette à Samuel Crowther, le chef du Chœur de l’Escale Chromatique.

L’accueil chaleureux du public obtient un double bis : la reprise de l’impressionnant Terremoto et celle de l’angélique Ave Verum Corpus.

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