Concerts

Ferveur musicale pour le Japon

L’initiative était généreuse et tellement bienvenue ! Les catastrophes successives qui frappent le Japon ont motivé la diaspora japonaise de Toulouse, ses nombreux amis, les autorités consulaires et tous ceux que la compassion a touchés. Le concert de soutien aux Japonais sinistrés, organisé le 16 avril dernier en l’église-musée des Augustins, a mobilisé la foule des grands soirs. Une double foule devrais-je écrire. Celle d’un public visiblement concerné, et celle des musiciens de la ville rose dont une partie importante a tissé depuis des décennies, des relations étroites avec ce beau pays du Soleil levant.

Soutenue par la mairie de Toulouse, coordonnée par l’association Toulouse les Orgues, avec la participation de l’orchestre Les Passions, de l’Atelier des Sacqueboutiers, du Conservatoire à Rayonnement Régional de Toulouse, cette soirée s’ouvre sur une émouvante évocation des événements tragiques par le Consul du Japon, Monsieur Pierre Aymard. Une évocation centrée sur les gens, sur leurs souffrances et la dignité de leur attitude devant la tragédie qui les frappe.

La flûtiste Masako Ishimura et le joueur de koto Takaya Odano – Photo Classictoulouse

Le programme musical qui suit construit une véritable mosaïque des styles, des époques, des instrumentations, comme une image de l’universalité de l’événement. Deux musiciens japonais bien implantés dans le tissu culturel de la ville rose ouvrent la manifestation. Takaya Odano, au koto, Masako Ishimura, à la flûte, jouent une très poétique pièce de Michio Miyagi intitulée « Haru no Umi » (La mer de printemps), touchante illustration des modes musicaux profondément japonais. La claveciniste Ayumi Nakagawa, lance ensuite la méditation et la touche d’espoir d’un Prélude non mesuré de Louis Couperin. Marin Marais, élégance et finesse combinées de sa Suite en ut mineur, est déclamé par Midori Sano, à la viole de gambe et Takaya Odano, aussi habile au clavecin qu’au koto. La grâce légère, l’invention, l’imagination musicale, l’humour même, de Joseph Haydn séduisent ensuite sous les doigts de Saori Sato, pianoforte, Marie-Madeleine Mille, violoncelle et Renaud Charles, flûte traversière, réunis dans l’Allegro du Trio en ré majeur.

Les deux danseuses Yuko Yamada et Miki Nakamura – Photo Classictoulouse

Enfin, le splendide orgue Ahrend prend la parole grâce à Kaori Sakai qui s’associe d’abord au trombone de la jeune et experte Miki Nagata pour un « A la manière de Bach » du compositeur d’aujourd’hui Jean-Michel Defaye. Le grand Prélude en sol mineur de Dietrich Buxtehude conclut avec panache la première partie du concert. Ces deux pièces sont brillamment accompagnées d’une improvisation chorégraphique émouvante de sincérité de deux danseuses aux styles complémentaires, Yuko Yamada et Miki Nakamura.

Deux interventions particulièrement développées occupent toute la seconde partie. Yasuko Uyama-Bouvard, experte si l’en est en matière de claviers, conduit de son pianoforte un extrait de la réjouissante transcription, signée Johann Nepomuk Hummel, de la fameuse 6ème symphonie, Pastorale, de Beethoven. Avec Fabienne Azéma, flûte, Nirina Bougès, violon et Marie-Madeleine Mille, violoncelle, resplendit toute la dernière partie de la symphonie, depuis la « Joyeuse réunion des paysans » jusqu’au « Sentiment de bonheur et de reconnaissance après l’orage », en passant par les déchaînements atmosphériques.

L’ensemble des musiciens et danseuses à l’issue du concert – Photo Classictoulouse

C’est avec l’Ensemble de Trombones de Toulouse, mené par Daniel Lassalle dans le cadre de l’Atelier des Sacqueboutiers, que s’achève la soirée. Une inattendue et très poétique transcription de « La fille aux cheveux de lin » de Claude Debussy, l’élégante cérémonie de la « Pavane pour une infante défunte », de Maurice Ravel et une sélection festive de quelques partitions de Michel Legrand donnent la mesure du haut niveau technique et profondément musical des jeunes instrumentistes réunis autour de Daniel Lassalle : Miki Nagata, Charly Maussion, Thomas Marcat, Neven Dérien et Hugo Liquières.

Ferveur et émotion caractérisent ce bel élan de solidarité dont les bénéfices seront reversés à la Croix-Rouge japonaise.

Partager