Le thème du prochain concert des Clefs de Saint-Pierre concerne l’une des formes musicales les mieux identifiables et les plus caractéristiques de l’époque baroque : la fugue. Les trois compositeurs inscrits au programme ont abondamment pratiqué cet exercice subtil et si longtemps présent, jusqu’à nos jours, dans les partitions les plus diverses.
Les musiciens qui participent au
concert, “Le temps d’une fugue”
C’est le quatuor à cordes constitué d’Aude Puccetti et Sylvie Viviès, violons, Claire Pélissier, alto et Gaël Seydoux, violoncelle, qui animera cette soirée. Sylvie Viviès remplacera Laurent Pellerin, initialement prévu et empêché par un problème de santé.
Le concert s’ouvrira avec Joseph Haydn, ce champion de la symphonie et du quatuor à cordes dont il a fixé les formes pour les siècles à venir. Les musiciens de l’Orchestre National du Capitole joueront son quatuor opus 20 n° 5 en fa mineur. Cette partition dramatique et forte s’achève sur un final fugué non exempt de pathétique. Le quatuor opus 18 n° 4, en ut mineur, de Beethoven, comporte lui aussi une fugue. Elle anime son deuxième mouvement, un scherzo léger et calme.
C’est enfin à l’empereur de la fugue, autrement dit Johann Sebastian Bach, de compléter ce programme avec des extraits de son ultime chef-d’œuvre, d’ailleurs inachevé, L’Art de la Fugue. Ce monument musical illustre les immenses possibilités de cette forme musicale aux ressources inépuisables. Bach déploie dans ce recueil un savoir faire, une inventivité qui atteint le génie absolu. Composé d’une vingtaine de pièces (appelées contrepoints), cet ensemble tire son unité du sujet principal du premier contrepoint (contrapunktus 1) qui sert de motif de base à l’ensemble des pièces. Bach n’a pas précisé à quel instrument l’Art de la fugue était destiné, ni même si l’œuvre était véritablement conçue pour être jouée. Elle a d’ailleurs souvent été traitée comme de l’« Augenmusik » (musique pour l’œil), un exercice intellectuel et de pensée sur le contrepoint que Bach nous laissait pour qu’on l’étudie et pour laisser une trace de son écriture contrapuntique très rigoureuse. Cela s’explique sans doute par la très grande complexité de l’œuvre, par l’absence d’indication de tempo ou d’instrumentation. Cette ambigüité permet donc de l’aborder au moyen de quelque instrumentation que ce soit. Le quatuor à cordes peut donc sans complexe s’approprier les éléments de ce chef-d’œuvre.