Concerts

De Louis XIII à Jean-Philippe Rameau en la Chapelle des Carmélites

L'orchestre Les Passions, Clémence Garcia et François Castang - Photo JJ. Ader -

La 6ème édition de Musique en dialogue aux Carmélites, consacrée cette année aux grands mécènes de l’histoire, se poursuit dans l’écrin raffiné de la Chapelle des Carmélites. Ce 2 juillet dernier, le concert-lecture célébrait, presque au jour près, le 400ème anniversaire de la construction de ce précieux édifice. Les deux volets de cette nouvelle rencontre, renouvelée le dimanche 3 juillet, se complètent harmonieusement grâce à la participation de l’Orchestre Baroque de Montauban, Les Passions, dirigé par Jean-Marc Andrieu, de la soprano Clémence Gracia et du récitant François Castang.

Cette soirée du samedi 2 juillet s’ouvre néanmoins sur une cérémonie commémorative menée par Jean-Luc Moudenc. Le Maire de Toulouse et Président de la Métropole célèbre les 400 ans de la pose de la première pierre de cet édifice emblématique, le 1er juillet 1622, par le Roi Louis XIII et la Reine Anne d’Autriche.

Jean-Luc Moudenc et Nicole Yardeni pour la pose de la plaque commémorative – Photo Classictoulouse –

La pose d’une plaque commémorative est l’occasion pour Jean-Luc Moudenc, accompagné de Nicole Yardeni, chargée des relations avec les acteurs culturels, d’évoquer cet événement festif mais également de livrer quelques informations prometteuses sur les projets de restauration de grands monuments du patrimoine local, notamment religieux, chers au cœur des Toulousains. Parmi d’autres projets, l’aménagement de la basilique Saint-Sernin et celui de la cathédrale Saint-Etienne sont ainsi annoncés.
Les artistes invités à cette double célébration sont réunis sous la direction de Jean-Marc Andrieu. Son bel ensemble Les Passions, en formation de chambre, rassemble ce soir-là Flavio Losco, violon, Sylvie Moquet, viole de gambe, Yasuko Uyama-Bouvard, clavecin et Jean-Marc Andrieu lui-même aux diverses flûtes à bec. Clémence Garcia chante avec l’art consommé qu’on lui connaît, les airs de ce programme festif. Quant à François Castang, un habitué de cet exercice de récitant, il balise la soirée de savoureux commentaires sur les événements évoqués par la musique.

Le récitant François Castang – Photo JJ. Ader –

La première partie de ce concert-lecture s’avère directement lié à la célébration du 400ème anniversaire de la chapelle. Airs et ballets de cour au temps de Louis XIII se succèdent dans l’harmonie la plus riche et la plus vivante. Deux airs de cour ouvrent cette première partie. De Pierre Guédron (1565-1620), « Cessez mortels de soupirer », et d’Etienne Moulinié (1599-1676), « Concert de différents oiseaux – Air de la Ridicule » bénéficient du charme vocal et expressif de la soprano Clémence Garcia. On admire autant la fraîcheur lumineuse du timbre que l’élégance des phrasés ou la finesse de l’ornementation.
Le texte de Jack Thomas, dit par François Castang, évoque les circonstances de la création des ballets de cour. Trois témoignages se succèdent : le Ballet du Roy, dansé en 1621, le Ballet de la Merlaison (évoquant la chasse aux merles), composé et dansé en 1635 par Louis XIII lui-même, et le Ballet de Monsieur de Montmorency, probablement dansé en 1622. A ce propos est évoquée la décapitation du Duc dans la cour du Capitole, événement toujours signalé par une plaque dans ce lieu emblématique de l’histoire toulousaine !

Signalons tout de même que cette alternance de raffinement musical et d’élégance chorégraphique, admirablement jouée ici, est concurrencée par les pépiements d’un oiseau piégé dans la chapelle et très en voix. Les différentes flûtes, magnifiquement jouées par Jean-Marc Andrieu, ne calment en rien l’angoisse évidente du volatile…

La soprano Clémence Garcia – Photo JJ. Ader –


La seconde partie de la soirée reprend le thème général de cette 6ème édition de Musique en dialogue aux Carmélites consacrée aux grands mécènes. Il s’agit cette fois d’évoquer la figure imposante d’Alexandre Jean Joseph Le Riche de La Poplinière (parfois écrit Poupelinière ou Pouplinière), auquel Rameau doit beaucoup. Alternant avec des textes signés de Denise Launay, Philippe Beaussant et Sylvie Bouissou, le premier volet de cette évocation ramiste se consacre à quelques-unes des grandes pièces de clavecin en concerts.

Parmi les portraits célèbres et les menuets qui composent ces extraits, on remarque en particulier l’animation virtuose de La Poplinière et la richesse rythmique de la célèbre pièce intitulée La Forqueray. Tambourins conclut cette belle sélection sur un effervescence joyeuse. Entourée des instrumentistes de l’ensemble, Yasuko Uyama-Bouvard sait comme personne animer ce répertoire d’un esprit pétillant et profondément musical.

La claveciniste Yasuko Uyama-Bouvard – Photo JJ. Ader –

Deux grands airs extraits de deux ouvrages célèbres de Jean-Philippe Rameau complètent ce voyage dans son œuvre multiforme. « Viens Hymen », chaleureux extrait des Indes Galantes, et « L’Amour est le dieu de la Paix », extrait d’Anacréon, concluent cette belle soirée. Clémence Garcia réalise là un véritable feu d’artifice qui ne se limite pas à une démonstration de virtuosité vocale si brillante soit-elle. L’intensité expressive, le raffinement de son chant emportent tous les suffrages. L’accueil chaleureux du public obtient une nouvelle exécution de cet air exaltant.
L’épisode suivant de ce beau parcours dans le monde des mécènes, imaginé par Catherine Kauffmann-Saint-Martin, nous entraînera, le 24 juillet prochain, en Russie chez la baronne Nadejda von Meck qui fut un soutien ardent de Piotr Illich Tchaïkovski.

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