Poursuivant son cycle Mahler à la tête de l’Orchestre du Capitole, le chef américain Joseph Swensen, est devenu un habitué de la Halle-aux-Grains. Le 2 novembre dernier, il dirigeait à Toulouse la fameuse 5ème symphonie du compositeur-chef d’orchestre.
Grâce notamment à son adagietto, rendu célèbre par le film de Visconti, « Mort à Venise », cette œuvre connaît la faveur d’un public toujours plus large. Première symphonie purement instrumentale composée par Mahler après une succession de trois partitions vocales, elle conclut néanmoins un cycle « optimiste ». Elle s’ouvre pourtant sur une marche funèbre pour s’achever dans un exubérant tourbillon.
De l’ombre à la lumière, c’est le trajet parcouru par Joseph Swensen. Après l’éblouissant explosion initiale, sa marche funèbre, lente à l’excès, se colore d’une sinistre noirceur. L’impressionnante tempête du deuxième mouvement, secouée de tragiques soubresauts, la splendide complexité du scherzo sont admirablement menées, dans une succession de séquences d’une vitalité de tous les instants.
La calme de l’adagietto s’enchaîne subtilement à l’allégresse finale, dont les déploiements exubérants alternent avec les plages de doute.
L’orchestre confère à cette vision un relief étonnant. Eblouissant Paolo Padavagna, trompette solo, dont la rondeur sonore, l’intensité et la délicatesse portent à incandescence chacune de ses redoutables interventions ! La même perfection anime le jeu du cor solo Jacques Deleplancque, au sommet de son art dans la force comme dans la finesse. Une ovation fort méritée a salué ces deux excellents musiciens.
En ouverture de concert, Joseph Swensen offrait au public les « Fearful Symmetries » (Effrayantes symétries) de son compatriote John Adams, compositeur classé dans la mouvance des « minimalistes, répétitifs » américains. Agaçante autant que captivante, cette pièce est animée d’une immuable pulsation, d’un rythme obsédant. Cette succession de cellules, répétées avec d’imperceptibles modifications, donne l’impression d’un jeu de miroirs qui démultiplie chaque motif à l’infini, à la manière d’un kaléidoscope. Couleurs et rythmes riches et complexes.