Concerts

Beethoven et Mozart en majesté

L'Orchestre national du Capitole dirigé par Marek Janowski avec Franz Peter Zimmermann, violon soliste - Photo Classictoulouse

Le jeudi 23 octobre, à la Halle aux Grains, le premier de deux concerts identiques (le second programmé pour le lendemain) réunissait deux grands musiciens déjà invités et appréciés à Toulouse. Cette fois, le chef d’orchestre Marek Janowski et le violoniste Frank Peter Zimmermann rendaient hommage à deux des plus prestigieux compositeurs représentant la période qualifiée de « Première École de Vienne ».

Rappelons que Marek Janowski, né à Varsovie et formé en Allemagne a été directeur général de la musique à Fribourg-en-Brisgau de 1973 à 1975 puis à Dortmund de 1975 à 1979. Il est depuis lors l’invité régulier des plus prestigieuses institutions, du Metropolitan Opera de New York à la Bayerische Staatsoper de Munich. Il dirige régulièrement les orchestres les plus réputés. Ses liens avec la France se sont tissés lors de son poste de Directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Radio France qu’il a occupé de 1984 à 2000. Il a dirigé pour la première fois l’Orchestre national du Capitole le 30 septembre 2023 dans un programme Beethoven et Schubert.

Frank Peter Zimmermann, né en 1965 à Duisburg, se produit, depuis plus de trente ans, dans toutes les salles de concert importantes et dans les festivals internationaux en Europe, aux États-Unis, en Asie, en Amérique du Sud et en Australie. Il était déjà à Toulouse, le 19 avril 2024, le soliste du Concerto pour violon de Brahms.

Frank Peter Zimmermann, soliste du Concerto pour violon de Beethoven – Photo Classictoulouse

C’est sur l’unique Concerto pour violon et orchestre de Beethoven que s’ouvre le concert. Dès la longue introduction orchestrale, scandée par les quatre notes égales de la timbale, on observe que Frank Peter Zimmermann, avant son entrée majestueuse de soliste, joue avec l’ensemble du pupitre des premiers violons, comme l’un des leurs ! Une attitude rare qu’il prolonge tout au long de l’œuvre, se mêlant souvent au tutti, en toute humilité… Ardemment soutenu par l’orchestre, le soliste anime l’Allegro ma non troppo avec un mélange d’énergie et de lyrisme. Comme dans l’ensemble du concerto, il choisit de jouer les cadences écrites par Fritz Kreisler qu’il colore ici d’un certain désespoir.

Le Larghetto s’écoute comme un chant poétique, en dialogue avec un orchestre confident. La transition vers le célébrissime Rondo final aboutit à un tempo tout feu tout flamme et un cheminement lumineux.

Marek Janowski et Frank;Peter Zimmermann au salut – Photo Classictoulouse

L’ovation du public est suivie d’un bis au cours duquel Frank Peter Zimmermann se lance dans une transcription hallucinante du célèbre lied de Franz Schubert Der Erlkönig, (Le roi des aulnes). Commise par le violoniste, altiste et compositeur morave Heinrich Wilhelm Ernst (1812-1865), cette transposition abracadabrantesque semble avoir été conçue pour un violoniste possédant dix doigts à sa main gauche ! Outre sa virtuosité, Frank Peter Zimmermann conserve néanmoins l’émotion de l’œuvre originale avec sa fin dramatique.

La Symphonie n° 39 en mi bémol majeur, de Mozart, occupe toute la seconde partie du concert. Terminée à Vienne en 1788, cette partition se distingue par sa connotation héroïque qui s’impose dès les premières mesures du premier mouvement. Marek Janowski, qui la dirige sans partition, place la sobriété de sa gestique au service de sa diversité expressive. A la solennité de son introduction Adagio succède le brio de la section Allegro. Le chef anime l’Andante con moto de quelques accents tragiques, alors que la danse caractérise le Menuetto, comme dirigé avec le sourire. Quelques beaux duos des pupitres de vents (en particulier la flûte et la clarinette, comme toujours impeccables) agrémentent son déroulement.

Marek Janowski – Photo Classictoulouse

Une extrême et joyeuse vitalité parcourt le Finale : Allegro que le chef dirige comme un jeu exubérant. L’effectif instrumental particulièrement généreux confère à cette exécution un luxe sonore impressionnant.

L’accueil enthousiaste du public s’accompagne des remerciements insistants que les musiciens adressent à Marek Janowski. Le chef ne parvient à les faire lever qu’après qu’il ait accepté de saluer seul ! L’entente entre tous les acteurs marque l’ensemble de cette belle soirée.

Serge Chauzy

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