Concerts

Bach père, fils et compagnie

A l’approche de Noël, la piété reprend de la vigueur. Du coup, l’Orchestre de Chambre de Toulouse propose un programme de cantates du maître en la matière, Johann Sebastian Bach. Les trois partitions du sublime Cantor de Leipzig voisinent avec une pièce du fils mal aimé Carl Philipp Emanuel et sont complétées par un célèbre concerto de Vivaldi.

L’Orchestre de Chambre de Toulouse et les solistes à l’issue du concert. Au premier plan de gauche à droite : Guillaume Figiel Delpech, Jean-Claude Sarragosse, Samuel Crowther, Xavier Miquel, Gilles Colliard
– Photo Classictoulouse –

Les trois cantates solistes, choisies par Gilles Colliard, ont en commun de ne pas comporter de choral. L’une des plus émouvantes et des plus intimistes de la vaste série est bien celle qui porte le BWV 82, « Ich habe genug » (Je suis comblé). Composée à Leipzig pour le quatrième dimanche de l’Épiphanie, elle fut créée le 2 février 1727. Le livret anonyme est dépourvu de toute référence littérale au texte biblique. Le poète inconnu a pris l’histoire de Siméon comme point de départ de la cantate. Le vieux Siméon reconnaît le Messie en l’enfant Jésus à l’occasion de la visite au temple de Marie avec son fils. Sa vie est ainsi accomplie et il peut mourir dans la joie. Cette partition est écrite pour basse, hautbois solo, cordes et continuo. La première et troisième aria, toutes deux accompagnées par le hautbois, entourent une berceuse (« Schlummert ein… »), d’une douceur et d’une tendresse extrêmes. Jean-Claude Sarragosse, basse sonore mais agile, et l’excellent hautboïste Xavier Miquel, se partagent les rôles de solistes qui conduisent le fidèle vers la félicité de l’au-delà.

La BWV 170 et la BWV 54, qui entourent cette image de sérénité, évoquent toutes deux les pièges du péché. Avec «Vergnügte Ruh, beliebte Seenlust» (Repos délicieux, plaisir recherché de l’âme), écrite sur un texte, cette fois identifié, de Georg Christian Lehms, le premier violon est doublé par un hautbois d’amour, cet instrument aux sonorités particulièrement riches. Chandra Varona (violon) et de nouveau Xavier Miquel (hautbois d’amour) en assument les beautés formelles et expressives. Le contre-ténor alto Guillaume Figiel Delpech énonce avec conviction les paroles d’avertissement comme ce vers significatif, « Le monde, cette demeure du péché ».

Samuel Crowther jouant la sonate pour flûte seule de C. P. E. Bach

– Photo Classictoulouse –

Il est également le soliste de la brève cantate BWV 54, « Widerstehe doch der Sünde » (Oppose-toi au péché), créée le 15 juillet 1714 à Weimar pour le septième dimanche après la Trinité. Hautbois, cordes et continuo tissent un beau commentaire au soliste qui négocie avec talent les redoutables vocalises du troisième volet.

Bach, on le sait, est sans pitié pour les voix solistes et si particulièrement délicat à chanter, tant sur le plan des rythmes que celui de l’intonation.

En guise de halte instrumentale, Samuel Crowther, l’habituel continuiste de l’OCT soit au clavecin, soit à l’orgue, offre la redoutable et belle sonate pour flûte seule de Carl Philipp Emanuel. Cet interprète doué de multiples talents (il est aussi chef de chœur !) expose les trois mouvements de cette œuvre étonnante avec un sens admirable de la déclamation et de la confidence.

Dommage qu’il soit accompagné d’un concert de toux récurrentes et non maîtrisées. Il n’en a que plus de mérite à permettre ainsi au message de passer avec autant de finesse.

En complément initialement non programmé, les cordes de l’OCT délivrent avec une énergie lumineuse le concerto pour deux violons et cordes en la mineur, extrait de L’Estro armonico, d’Antonio Vivaldi. A Gille Colliard se joint Nicolas Kononovitch, l’un des premiers violons de l’orchestre, pour magnifier les parties solistes de cette œuvre festive et brillante. Une belle façon d’aborder les fêtes de fin d’année !

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