L’ouverture de la saison lyrique toulousaine 2009/2010 est particulièrement attendue. Et cela pour de nombreuses raisons. Il y a bien sûr le retour à l’affiche de Simon Boccanegra, une distribution palpitante, le retour également du metteur en scène Jorge Lavelli à Toulouse pour une nouvelle production à la Halle aux Grains, et enfin le premier spectacle programmé par le nouveau directeur du Capitole, Frédéric Chambert, un spectacle en forme de carte de visite.
6 mai 1983
C’est donc il y a 26 ans que fut créé à Toulouse, dans un Capitole alors dirigé par Jacques Doucet, ce Simon Boccanegra que Giuseppe Verdi (1813-1901) essaya d’imposer. Sans trop y parvenir d’ailleurs…
C’était dans le cadre d’une coproduction avec l’opéra d’Avignon, dans une mise en scène de Margarita Wallmann et sous la direction de Gian Franco Rivoli.
A vrai dire, la distribution n’a pas laissé un souvenir impérissable. Giovanna Casolla n’avait pas la souplesse d’émission d’Amelia, Jean Dupouy ne disposait pas de l’italianité du rôle de Gabriele et Franco Bordoni était un Simon bien terne. Seul Pierre Thau assurait de sa somptueuse voix de basse le rôle, il faut dire particulièrement bien écrit, de Fiesco. René Franc était également un superbe Paolo.
Et puis plus rien. Jusqu’à aujourd’hui.
L’œuvre repensée
L’intrigue complexe de cet opéra dérouta les spectateurs de la première version en 1857. Pourtant le livret était dû à l’une des plumes les plus sûres de l’époque : Francesco Piave. Le compositeur laissa passer dix années avant de reprendre cet opéra, mais cette fois en collaboration avec le dramaturge, poète et musicien Arrigo Boïto. Le livret est alors totalement refondu et une nouvelle musique fait même, à certains endroits, son apparition. Ce ne sera qu’en 1881 que cette version sera présentée au public. Verdi est toujours loin du triomphe…
Malgré une distribution de haut vol, le livret, avec ce saut dans le temps de 25 ans qui sépare le prologue du 1er acte, reste confus.
De plus, le compositeur livre ici une partition qui l’éloigne des canons de sa renommée tout en le rapprochant du drame musical. Elle n’en demeure pas moins passionnante et constitue assurément un pivot essentiel dans l’œuvre et la pensée verdienne.
9 octobre 2009
Frédéric Chambert réunit pour son premier spectacle une distribution dont la principale curiosité sera le soprano grec Alexia Voulgaridou qui fera, en la circonstance, ses débuts à Toulouse mais également dans le rôle d’Amelia. Principale curiosité ne veut pas dire principal attrait. En effet, l’ensemble des autres partenaires de cette cantatrice ont déjà débuté au Capitole, voire en sont des habitués. Il en est ainsi du baryton polonais Andrzej Dobber (Simon), de la basse arménienne Arutjun Kotchinian (Fiesco), du ténor italien Stefano Secco (Gabriele), du baryton américain Robert Bork (Paolo) et de la basse russe Yuri Kissin (Pietro).
La soprano Alexia Voulgaridou
sera Amelia
Le baryton Andrzej Dobber
dans le rôle de Simon Boccanegra
Quant au maestro Marco Armiliato, ce sera la huitième production qu’il dirigera à Toulouse. Réclamé sur toutes les grandes scènes de la planète, Marco Armiliato connaît parfaitement cette partition figurant parmi les plus difficiles de ce compositeur.
Mais celui qui va attirer la presse de l’Europe entière est certainement le metteur en scène argentin naturalisé français Jorge Lavelli. Dans une Halle aux Grains qu’il connaît bien pour y avoir monté le Fidelio de Beethoven en 1977, un lieu qui d’ailleurs le passionne, il devrait nous donner une vision très politique de la destinée de ce corsaire devenu Doge de Venise et fervent défenseur de la république et de la démocratie.
Le chef d’orchestre Marco Armiliato
Le metteur en scène Jorge Lavelli
Exposition Jorge Lavelli
Sous le titre « Jorge Lavelli, 40 ans de théâtre et d’opéra », le Capitole organise, parallèlement aux représentations de Simon Boccanegra, une exposition de photographies sur le travail de ce metteur en scène, à la Halle aux Grains (6 octobre au 7 novembre) et à la Librairie Ombres Blanches (13 octobre au 6 novembre).