Concerts

Jeunes talents

C’est à un groupe de jeunes musiciens de l’Orchestre national du Capitole qu’était confié le programme du dernier concert des Clefs de Saint-Pierre, le 18 mars dernier. La 13ème saison de musique de chambre de cette association originale et active poursuit ainsi la révélation des talents qui s’expriment à partir de la grande phalange symphonique toulousaine.
Outre cette opportunité donnée aux musiciens d’orchestre de s’investir dans une expression plus individuelle, les Clefs de Saint-Pierre offrent au public l’occasion d’entendre et de voir jouer un répertoire très rarement donné. En effet, où peut-on assister à l’exécution de quintettes pour piano et instruments à vent ? En dehors des concerts de quatuors à cordes et parfois de trios, deux formations institutionnalisées, la réunion d’instruments plus « éloignés » de ces structures traditionnelles reste exceptionnelle. Réjouissons-nous donc d’avoir pu découvrir au concert, ce lundi 18 mars, trois belles œuvres trop souvent mises de côté par la nature des contingences traditionnelles.

De gauche à droite : Emilie Pinel, clarinette, Jean-Sébastien Borsarello, piano, Estelle Richard, basson, Thibault Hocquet, cor,
Gabrielle Zaneboni, hautbois

– Photo Classictoulouse –

Cinq jeunes artistes se réunissaient pour l’occasion, afin de rendre hommage à deux des plus grands compositeurs de l’Histoire de la musique, Mozart et Beethoven, dans des œuvres pourtant ignorées des grands circuits de concert. Le public découvrait ainsi, dans l’intimité de l’auditorium Saint-Pierre des Cuisines, Gabrielle Zaneboni, hautbois, Emilie Pinel, clarinette, Estelle Richard, basson, Thibault Hocquet, cor, tous issus des pupitres de vents de l’ONCT, et Jean-Sébastien Borsarello, piano, venu quant à lui de la section des percussions, une conversion réussie !

Il existe un lien évident entre les deux quintettes pour piano et instruments à vent de Wolfgang Amadeus Mozart et de Ludwig van Beethoven. Ce n’est pas par hasard que le jeune Beethoven, qui écrit son quintette en 1796, choisit la même tonalité de mi bémol majeur et la même formation que celui composé par son aîné en 1784. Comme le rappelle Jean-Sébastien Borsarello qui présente le concert avec talent, la combinaison instrumentale utilisée dans les deux partitions est rare et elle demeure unique chez la plupart des grands compositeurs.

Le Quintette de Beethoven, qui ouvre la soirée, permet aux jeunes musiciennes et musiciens de donner toute la mesure de leurs indéniables qualités. Une fois de plus il faut souligner ce que la participation à l’orchestre forge de cohésion, de justesse, d’exactitude rythmique, bref d’aptitude à « jouer ensemble ». En outre il est ici possible d’apprécier les qualités individuelles de sonorité, de phrasé, de réactivité. Les couleurs si caractéristiques des pupitres de bois de l’orchestre trouvent ici à s’exprimer au singulier. La richesse raffinée du hautbois de Gabrielle Zaneboni, la douceur veloutée de la clarinette d’Emilie Pinel, le timbre mordoré du basson d’Estelle Richard, la rondeur chaleureuse du cor de Thibault Hocquet et la fluidité du jeu pianistique de Jean-Sébastien Borsarello animent les trois mouvements de ce quintette qui oscille entre le jeu d’échanges de l’Allegro initial, la rêverie digne d’un ensemble d’opéra de l’Andante Cantabile et la discussion animée du Rondo final.

Jean-Sébastien Borsarello piano, Thibault Hocquet, cor dans la Sonate pour piano et cor

de Beethoven – Photo Classictoulouse –

Avec le Quintette de Mozart, la perfection de l’inspiration tient du miracle. Après l’introduction ample et solennelle du Largo, de bouillonnants échanges parcourent joyeusement les lignes instrumentales de l’Allegro. La mélodie qui ouvre de Larghetto, copie conforme de la seconde partie du fameux air du Catalogue (chanté par Leporello dans Don Giovanni), met en évidence les qualités d’éloquence des interprètes. Une joie exubérante nourrit le Rondo final de conversations ardentes entre des protagonistes particulièrement concernés.

Entre les deux quintettes, Thibault Hocquet et Jean-Sébastien Borsarello offrent une exécution épatante de la très rare Sonate pour cor et piano en fa majeur, composée en deux jours en 1800 par Beethoven qui en improvisa l’accompagnement. L’agilité du cor y est sollicitée avec insistance. Le corniste Punto, auquel cette sonate est dédiée, devait à l’évidence être un virtuose accompli. Reconnaissons que c’est également le cas de Thibault Hocquet qui ne se contente pas de jouer avec finesse et exactitude. Poésie et beau phrasé, volubilité, rondeur du timbre font ici merveille.

Les interprètes reçoivent finalement l’ovation méritée de tout le public, ravi de cette nouvelle soirée originale de découvertes du passé musical des grands maîtres.

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