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Aymé Kunc, le retour !

Grâce à l’Association Aymé Kunc, l’œuvre de ce compositeur toulousain connaît un renouveau certain, une sorte de renaissance. Rappelons que ce contemporain de Ravel fut, pendant trente ans de 1914 à 1944, le directeur du Conservatoire de Toulouse auquel il conféra un lustre particulier. Il obtint le Premier Grand Prix de Rome en 1902, avec sa cantate Alcyone et anima la vie musicale de sa ville de naissance avec discernement et audace, sacrifiant ainsi ce qui aurait pu être une brillante carrière parisienne. En 1927 et 1928, notamment, il fut à l’origine de la création à Toulouse de La Tétralogie et de Parsifal, de Wagner. Jusqu’à son décès, survenu le 13 février 1958, il composa et révisa son œuvre, à la fois importante et diverse.

La soprano Nicole Fournié, le violoncelliste Thomas Duran et le pianiste Emmanuel Pélaprat (Photo Classictoulouse)

Dans le domaine de la mélodie, la production d’Aymé Kunc reste modeste sur le plan de la quantité. On recense seulement treize mélodies au sens propre, deux chansons et une vocalise. Sous l’impulsion d’Henri Félix, le petit-neveu du compositeur et président de l’Association Aymé Kunc, et de celle, enthousiaste, du jeune pianiste et musicologue Emmanuel Pélaprat, voici enfin réparé l’oubli dans lequel était tombé ce répertoire de qualité. Le 22 novembre dernier, jour de la Sainte-Cécile, patronne des musiciens, l’auditorium Saint-Pierre des Cuisines accueillait l’exécution d’une première et véritable intégrale de ces mélodies.

Interprété dans un ordre proche de la chronologie de composition, ce corpus voit ainsi se succéder les mélodies de jeunesse, celles qui constituèrent les envois de Rome et enfin les derniers opus. Une écoute ainsi exhaustive surprend par la qualité de la partie de piano qui ne se borne certes pas à un simple accompagnement. Alors que la voix égrène ses motifs mélodiques, le piano conserve une indépendance et une richesse harmonique bien éloignées de l’unisson qui parfois règne dans ce domaine. Emmanuel Pélaprat réalise là une belle performance qui rend justice à cette originalité d’écriture tout en soutenant la voix dans son chant et son expression.

Le pianiste Emmanuel Pélaprat et les quatre chanteurs réunis pour le final.

De gauche à droite : Nicole Fournié, Sonia Sempéré, Eric Salha et Marie Cubayne

(Photo Classictoulouse)

Le ténor Eric Salha ouvre la soirée avec « Sur l’eau », datant de 1894, d’une voix très (trop ?) sonore, une voix d’opéra. Suivent les interventions de la délicate soprano Sonia Sempéré, de la mezzo-soprano au beau timbre chaleureux Marie Cubaynes et de Nicole Fournié dont on ne sait qu’admirer le plus, l’intense projection vocale, le sens des nuances, la subtilité de l’expression, l’impressionnante diction. La « Ballade de Saint-Germaine », dans laquelle le beau violoncelle de Thomas Duran s’associe au piano, distille un charme irrésistible. Le jeune et talentueux violoncelliste joue également avec sensibilité le très bel Andante espressivo.

On admire le subtil accompagnement pianistique de « Je ne sais pas de fleur » ou le brio de « Printemps ». Deux mélodies particulièrement touchantes émergent du groupe des derniers opus : « L’Eau du lac », pleine d’inquiétude et d’angoisse poétique, et l’ultime « Apaisement », comme un adieu au monde, toutes deux admirablement déclamées par Nicole Fournié.

Au passage, quelques mélodies d’autres compositeurs viennent astucieusement compléter ce portrait : « Plainte », de Pierre Kunc, le frère aîné d’Aymé, « Le Petit enfant » de Guy Ropartz, « Poème de mai », d’André Caplet, et encore « Le Charme », d’Ernest Chausson.

La soirée s’achève sur « Cansou de talou », sur un poème de Goudouli, dans sa version signée Déodat de Séverac, mélodie pour laquelle les quatre chanteurs additionnent leurs voix et leurs talents. Un enregistrement « live » de ce concert fera l’objet d’une prochaine publication discographique hautement souhaitée. La musique d’Aymé Kunc mérite bien cet hommage.

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