Concerts

Musique en famille

C’est bien ce qui fait le charme de ces rencontres de musique de chambre des Clefs de Saint-Pierre. Entre les musiciens de l’Orchestre national du Capitole, qui animent ces soirées, et le public d’habitués, les relations sont devenues presque familiales. Le concert du 2 décembre prochain franchit une étape supplémentaire. Les quatre interprètes du programme proposé appartiennent carrément à la même famille !

Renouant avec une tradition ancienne, Xavier Gil et Anne-Laure Cornet, violons, Juliette Gil, alto et Pierre Gil, violoncelle, se réunissent pour former un quatuor à cordes qui mérite donc tout-à-fait le qualificatif de familial. Déjà Franz Schubert s’associait à son père et à ses deux frères dans ce but. Deux générations de Trio Pasquier ont également brillé pendant des décennies et, plus récemment, le Quatuor Hagen, composé de Lukas, Veronika et Clemens Hagen, ainsi que du violoniste Rainer Schmidt, a porté et continue de porter haut l’art du quatuor à cordes.

Le quatuor familial réunit ici , de gauche à droite : Anne-Laure Cornet et Xavier Gil, violons, Juliette Gil, alto et Pierre Gil, violoncelle – Photo Clefs de Saint-Pierre –

Rien d’étonnant donc à ce que cette tradition familiale se perpétue. Ici, en outre, ces quatre musiciens choisissent un programme qui place en regard deux des grandes partitions de ce riche répertoire, le Quatuor à cordes n° 2 en la mineur, de Johannes Brahms, l’un des grands maîtres du genre, et l’unique et sublime Quatuor en fa majeur de Maurice Ravel.

Créé à Vienne, le 3 décembre 1875, par le quatuor Hellmesberger, le Quatuor n° 2 de Brahms est couplé avec le n° 1 dans cet opus 51. La composition des ces deux partitions s’est étendue sur vingt ans, aux dires du compositeur. On sait à quel point Brahms fut impressionné par le modèle beethovénien, aussi bien sur le plan de la symphonie que celui de la musique de chambre. Brahms cherchera longtemps à s’en soustraire et ce n’est qu’en pleine maturité qu’il complète la composition des deux quatuors. Le quatuor n° 2 comme le n° 1 est dédié à Theodor Billroth. Il comprend les quatre mouvements classiques : Allegro non troppo, Andante moderato, Quasi menuetto, moderato – allegretto vivace, et enfin Finale : allegro non assai.

Âgé de vingt-sept ans seulement au moment de la composition de son Quatuor en fa majeur, Ravel signa pourtant un chef-d’œuvre du genre. Il s’agit de la deuxième œuvre de musique de chambre du compositeur (après sa Sonate pour violon et piano, datée de 1897). Il est postérieur de dix ans au Quatuor en sol mineur de Claude Debussy dont Ravel s’est inspiré. Debussy émit des commentaires élogieux sur l’œuvre et dissuada Ravel de modifier le mouvement final comme le lui suggéraient ses éditeurs : « Au nom des dieux de la musique, et au mien, ne touchez à rien de ce que vous avez écrit de votre Quatuor ». Le quatuor de Ravel est par contre bien antérieur à celui du dédicataire de l’œuvre, Gabriel Fauré, qui composera, lui, son propre quatuor en 1924. La partition de Ravel comporte elle aussi quatre mouvements : Allegro moderato (fa majeur), Assez vif. Très rythmé (la mineur), Très lent (sol bémol majeur) et Vif et agité (fa majeur).

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