Festivals

La grandeur du maître

Déjà présent dans le cloître des Jacobins en 1982, il a soutenu le festival à ses débuts et revient cette année incarner les musiques qui font sa vie. Paul Badura Skoda, puisqu’il s’agit de lui, fut acclamé par une ovation debout à l’issue de son récital du 16 septembre dernier.

Le grand pianiste autrichien Paul

Badura Skoda

Opérant sur le beau Steinway du cloître des Jacobins, celui qui collectionne les instruments anciens auxquels il redonne vie, avait réunis dans son programme les compositeurs qui l’accompagnent depuis des décennies : Haydn, Beethoven et Schubert, avec une plongée dans la musique de notre temps.

Dans la sonate en la bémol majeur de Joseph Haydn, le jeu de Paul Badura Skoda témoigne d’une candeur innocente, d’une pureté et d’un élan exceptionnels. L’œuvre, tout en ornementation déroule sous ses doigts la dentelle de sa structure et les beautés de son expression.

L’interprète se lance ensuite dans l’ultime sonate d’un Beethoven dont l’art a en quelque sorte atteint l’éternité. Au lieu de la sonate « Waldstein », initialement prévue, il aborde donc le fameux op. 111, cette 32ème sonate qui transcende toute forme, toute musique.

L’ouverture du Maestoso initial retentit comme un rugissement. Tout ce premier volet est agité de tragiques convulsions, souffrance et exaltation mêlées. Dans les sublimes variations de l’Arietta, Paul Badura Skoda conduit le discours comme dans une confidence poignante, suscitant les plus intimes résonances. La fin du chemin se dissout dans une ascension magique vers un idéal intemporel. Ce long parcours tient du miracle. Un miracle qui intègre le silence qui suit.

Une pièce originale due à Franck Martin et dédiée à Paul Badura Skoda lui-même, la « Fantaisie sur des thèmes flamenco » ouvre la seconde partie sur ses accents colorés d’une étonnante richesse rythmique. Bouillonnante évocation !

C’est avec la sonate D 959 de Schubert que se conclut ce récital. Cette vaste méditation sur le temps qui passe trouve ici un interprète d’exception. Paul Badura Skoda y insuffle une énergie inhabituelle. Il adopte des tempi soutenus qui maintiennent une tension constante. L’Andantino prend des allures fantomatiques de « Voyage d’Hiver » et la fièvre du final se résout dans de bouleversants silences qui suspendent le temps. L’émotion est palpable.

Accédant aux acclamations d’un public conquis, l’interprète met un terme à son récital sur une transcription de l’Adagio en do majeur pour harmonica de verre que Mozart composa l’année de sa disparition. Un miracle de simplicité.

Partager

Du grand piano aux Planètes
Le 5 novembre, le chef américain Ryan Bancroft a remplacé Tarmo Peltokoski souffrant à la tête de l’Orchestre national du Capitole et le jeune pianiste russe Roman Borisov a fait des débuts prometteurs à Toulouse.
BALLET DU CAPITOLE – UN MAGNIFIQUE HOMMAGE MUSICAL A RAVEL
Daphnis et Chloé – Chor. Thierry Malandain – © David Herrero Dans les nombreuses manifestations qui célèbrent le 150ème anniversaire de la naissance de Maurice Ravel, le Théâtre National du Capitole nous a présenté un spectacle en forme d’hommage avec deux ballets illustrant les pages emblématiques du compositeur basque :
Concert d’ouverture en apothéose
Le 3 novembre dernier, Les Grands Interprètes présentaient le premier concert de leur 40ème saison.
Rose Naggar-Tremblay illumine les abimes haendéliens
« Je chante Haendel avec une voix wagnérienne qui bouge aussi rapidement qu’un soprano colorature » Rose Naggar-Tremblay
Le feu sous la glace
Le concert du 30 octobre dernier donné par l’Orchestre national du Capitole a enthousiasmé un public nombreux et conquis.
Le Concert de La Loge invité des Grands Interprètes
Le 8 novembre prochain, dans le cadre de la saison des Grands Interprètes, Le Concert de La Loge, dirigé par le violoniste Julien Chauvin, s’associe avec l’ensemble vocal La Sportelle et quatre grands chanteurs solistes pour célébrer Mozart.