Festivals

Au cœur de l’émotion lyrique

Fort de plus d’une trentaine d’éditions, le Festival de la Vézère continue de tracer son sillon musical dans cette Corrèze verdoyante au sein de laquelle le Château du Saillant est devenu depuis longtemps déjà un haut lieu de l’activité musicale française estivale. Irradiant sur l’ensemble du département, le Festival met en valeur aujourd’hui, grâce à sa programmation, tout le prestigieux patrimoine historique de ce territoire.
Cette année, entre le violoniste Laurent Korcia et un programme de Musique et chant baroques mexicains, le programme était opulent et convoquait, entre autres, le fabuleux Concerto Köln, le prometteur Jean-Frédéric Neuburger, le Quatuor Modigliani, etc., conjuguant avec subtilité artistes confirmés et nouveaux talents. Quelques noms des éditions précédentes en disent long sur la tenue de cette manifestation : Roland Pidoux, Barbara Hendricks, Teresa Berganza, Emmanuel Krivine, Michel Plasson et l’Orchestre du Capitole, François-René Duchâble, Marilyn Horne, Yuri Bashmet, Shirley Verrett, Philippe Jaroussky. Et tant d’autres tout aussi prestigieux. Mais arrêtons là, cela finit par donner le vertige. Venons-en à une originalité propre à ce festival : l’opéra.

La Flûte enchantée : Jaewoo Kim (Tamino) entouré des trois génies

– Photo Christian Delmas –

Entre La Grange de Meslay et le Festival de Glyndebourne
Du célèbre lieu cher à Sviatoslav Richter au plus chic des festivals anglais, le Festival de la Vézère est comme un écho très original. En effet, une fois pris votre pique-nique dans le magnifique parc du Château du Saillant, vous accédez directement à une immense grange pouvant contenir 400 spectateurs. C’est dans ce lieu improbable que se déroulent des représentations d’opéras d’un genre tout particulier. Pas d’orchestre mais un piano pour seul accompagnement musical, une scène d’une quinzaine de mètres carrés et, tout autour, le public. Au début, surtout lorsque l’on sort des Chorégies d’Orange, le choc est violent et le doute s’installe. Puis, la lumière s’éteint et le miracle s’accomplit. C’est la compagnie Diva Opera, principale troupe d’opéra de chambre anglaise, qui est à la manœuvre sous la direction musicale de Bryan Evans au piano. Des chanteurs, parfois très jeunes, d’autres confirmés, dans des mises en scène « forcément » inventives, vont nous faire vivre l’émotion lyrique à l’état pur. Inutile pour eux ici d’estomper la distance par un « surjeu » dramatique, l’extrême proximité d’avec le public leur laisse libre cours à l’engagement scénique le plus fin pouvant aller jusqu’à l’interpellation du spectateur.

Tosca : Changhan Lim (Scarpia) et Laura Parfitt (Tosca)

– Photo Christian Delmas –

Et ça marche. Tout particulièrement cette année avec cette représentation de La Flûte enchantée mozartienne qui semblait tout droit sortie de la création dans le petit théâtre en bois de Schikaneder, dans les faubourgs de Vienne. L’esprit était là et avec lui la ferveur spontanée d’artistes et d’une audience littéralement aux anges. Dans cette distribution, saluons les Trois dames, d’une véritable tenue internationale, le Papageno survolté, au baryton souple et parfaitement timbré de Daniel Howard, la Reine de la Nuit aux contre fa impérieux de Katy Kelly, le Monostatos parfait du ténor de caractère Kevin Jones, l’idéale et somptueusement musicale Pamina de Sarah Power, Trois génies savoureux, le Sarastro impressionnant de creux de Richard Mitham, le très bel Orateur d’Adrian Powter, enfin le stylé Tamino de Jaewoo Kim.

Si, la veille au soir, la Tosca puccinienne était un rien déséquilibrée par un Mario au timbre métallique et à l’émission en force peu musicale, par contre, elle nous valait le plaisir de découvrir, outre le Scarpia tellurique de Changhan Lim, la magnifique Floria Tosca de Laura Parfitt, une diva dont il sera difficile d’oublier le parfait legato et un engagement dramatique hors du commun.

Le Festival se poursuit jusqu’au 24 août et propose encore de magnifiques rendez-vous.

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