Festivals

Le délire des doigts

Nelson Goerner, jeune découverte de Piano aux Jacobins, voici onze ans déjà, a parcouru depuis lors un beau chemin d’artiste.

Lors de son récital du 18 septembre dernier dans le cloître des Jacobins, il pratique un jeu, un toucher qui témoignent de sa filiation avec la très brillante école argentine de piano. Jouant sur la profonde intensité du son, il pousse l’instrument dans ses limites extrêmes, rappelant par instant les sonorités d’orgue de son illustre compatriote disparu, Claudio Arrau, ou utilisant la puissance percussive de la géniale Martha Argerich, d’ailleurs présente à ce concert.

A partir des trois sonates miniatures de Scarlatti qui ouvrent son récital, Nelson Goerner élabore une grande sonate obéissant aux règles classiques du vif-lent-vif. Tournant le dos à une imitation factice du clavecin, il insuffle une énergie débordante à son Steinway de concert, et établit ainsi une autre forme d’équilibre entre l’instrument et la salle.

Il aborde ensuite les deux très grandes sonates qui composent l’essentiel de son programme, empruntant des chemins remarquablement opposés. Dans la sonate n° 31, la mythique op. 110, du dernier Beethoven, il déploie un jeu ample, noble, sur des tempi mesurés. Il privilégie ainsi la grande courbe, la trajectoire implacable, sans exagérer les contrastes dynamiques. Sa fugue finale prend ainsi un parfum d’éternité.

Tout autrement apparaît sa vision de la 3ème sonate du tout jeune Brahms. Vigueur juvénile, enthousiasme, violence même lorsque le texte l’exige. Les contrastes sont résolument soulignés. Les mouvements pairs opposent leur retenue rêveuse aux sections impaires ponctuées d’explosions romantiques. La matière sonore résonne avec une étonnante densité, une consistance presque palpable.

Joués en bis, Liszt et une ébouriffante transcription du Beau Danube Bleu de Johann Strauss complètent ce programme aux exceptionnelles exigences digitales.

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