Festivals

Une bouleversante entrée au répertoire des Chorégies

La pluie tombait sur Orange et le ciel n’incitait vraiment pas à l’optimisme. Sauf que, Raymond Duffaut ayant accès à des informations inattaquables, ce dernier déclarait vers 21h45 que l’averse arrivait à son terme et que le spectacle commencerait avec simplement quelques minutes de retard. De fait il s’est terminé sous une voûte étoilée alors inimaginable. Et il aurait été vraiment dommage qu’il en fût autrement.

Peu de personnages, peu de décors, pas de grands déploiements de foule, Butterfly est vraiment un opéra de l’intime. Et c’est certainement la raison qui a tenu cette œuvre à l’écart du Festival d’Orange. A tort car, en le programmant cette année, Raymond Duffaut a magnifiquement démontré qu’une œuvre aussi forte avait toute sa place devant le célèbre Mur.

Comme à l’habitude, la tâche était difficile. Mettre en scène à Orange est toujours une épreuve. C’est Mireille Larroche qui devait relever ce challenge. Point de transposition ici, seulement un texte de Latifa projeté sur écran et dénonçant l’inutilité de la vie si cette dernière est synonyme d’esclavage et de soumission.

Duo du 1er acte (Veronica Villarroel et Marco Berti)

 

Le ton est donné, Butterfly est l’archétype de la femme à travers le temps, y compris le nôtre. Entre intégrisme et machisme, elle doit se battre pour exister librement. Peut être sans le vouloir, Pierre Loti, dont sa Madame Chrysanthème est à l’origine du livret de Butterfly, avait-il écrit en 1882 un véritable brûlot contestataire…

De très beaux tableaux resteront dans la mémoire des spectateurs, tel celui de la décoration florale de la maison de Cio Cio San en attendant Pinkerton, ou bien encore, à la fin, Butterfly reliée une ultime fois à son enfant, celui-ci croyant jouer à colin-maillard, par une immense ceinture en voile se déroulant autour de son corps (un cordon ombilical ?) et se faisant hara-kiri devant l’autel des ancêtres.

Yutaka Sado, maître des sonorités orientales

Centrée sur le rôle-titre, mais comment en serait-il autrement, la mise en scène de Mireille Larroche se devait d’avoir une interprète plus tragédienne lyrique que banquise à la voix numérisée. Ce fut le cas avec la cantatrice chilienne Veronica Villarroel, véritable bête de scène trouvant le meilleur de son chant dans un aigu puissamment projeté.

Marco Berti, fidèle à lui-même, est un Pinkerton propre à faire chavirer de bonheur tous les amateurs de vaillance. Le baryton britannique Anthony Michaels-Moore, superbe comédien au demeurant, ne parut pas tout à fait à son aise vocalement dans le rôle de Sharpless. Méforme passagère ?

Des seconds emplois magnifiques complétaient cette distribution dont la Suzuki de Julia Gertseva, l’incroyable Goro de Gilles Ragon, l’oncle bonze de Wojtek Smilek, le Commissaire Impérial d’Olivier Heyte et jusqu’au Yamadori de Paul Kong !

Les chœurs de Monte-Carlo, d’Avignon et l’Ensemble Vocal des Chorégies firent la preuve de grandes qualités musicales.

L’Orchestre de la Suisse Romande était placé sous la direction de Yutaka Sado, nouveau venu dans ce Festival. Incontestable triomphateur, à l’applaudimètre, de cette soirée, le maître japonais retrouva dans cette partition des couleurs absolument vertigineuses de luxuriance. Certes, la puissance de l’orchestre, dont l’effectif paraissait énorme, mit parfois en difficultés les interprètes, mais quelle rutilance, quelle émotion, quel dynamisme ! Une interprétation propre à rendre tout le génie d’un compositeur, Giacomo Puccini, que certains esprits autistes qualifient encore de secondaire…

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