Festivals

Classicisme triomphant

Mozart et Haydn incarnent une sorte d’apothéose du classicisme. Ces deux créateurs amis sont à l’évidence les compositeurs les plus novateurs de cette première « Ecole de Vienne » qui réunit, dès la fin du 18ème siècle, en la capitale culturelle de l’Europe, les musiciens les plus inventifs. L’Orchestre de Chambre de Toulouse et l’ensemble vocal « les éléments » avaient choisi de leur rendre hommage lors du concert du 25 juillet dernier, autre jalon réussi du festival Toulouse d’Eté.
En introduction à la soirée hébergée à la cathédrale Saint-Etienne, Alain Lacroix, animateur de cette manifestation foisonnante et particulièrement réussie, dédie le concert à la mémoire du grand musicologue américain Robbins Landon, disparu en 2009 en la petite cité tarnaise de Rabastens où il avait choisi de finir sa riche existence d’humaniste. Ce brillant spécialiste de Haydn et Mozart a révélé dans ses écrits bien des secrets enfouis dans l’œuvre de ces deux génies. Alain Lacroix rend également hommage, à cette occasion, aux victimes de l’épouvantable tragédie qui vient de frapper la Norvège.

L’Orchestre de Chambre de Toulouse, dirigé par le premier violon Joseph André

– Photo Classictoulouse –

L’Orchestre de Chambre de Toulouse, dirigé de l’archet par son premier violon, Joseph André, ouvre la soirée sur une transcription habile pour orchestre à cordes de la très fameuse symphonie n° 40 de Mozart. Peu après la disparition de Mozart, ce chef-d’œuvre absolu présentait, pour ses interprètes londoniens de l’Orchestre de Hay-Market, des difficultés qui incitèrent le compositeur vénitien Giovanni Battista Cimador à le transcrire pour orchestre à cordes. C’est cette version « allégée » que joue l’OCT. Paradoxalement, l’effectif ainsi réduit permet une vivacité des tempi qui accuse encore le caractère tragique de cette partition prémonitoire. Le rythme haletant du Molto allegro initial souligne l’inquiétude teintée d’angoisse qui le parcourt. Le climat lourd et lancinant de l’Andante, l’énergie du Menuetto, suspendue un temps par l’intervention des altos qui jouent ici la partie originale des cors, ouvrent la voie à l’Allegro assai final irrigué d’une énergie fiévreuse.

Au premier plan, de gauche à droite : le premier violon de l’OCT, Joseph André, le ténor Mathias Vidal, le baryton Christophe Gay, Joël Suhubiette, la soprano Elisabeth Bailey, et la mezzo-soprano Caroline Champy-Tursun

– Photo Classictoulouse –

Toute la seconde partie de la soirée est consacrée à cet autre chef-d’œuvre absolu qu’est la Nelsonmesse de Joseph Haydn. Dédiée a posteriori au vainqueur de la bataille d’Aboukir, l’amiral Nelson, cette messe fut composée de juillet à août 1798. Elle portait initialement le titre de « Missa in angustiis » en référence aux événements tragiques de la campagne d’Egypte menée par Napoléon. La nouvelle de la destruction par Nelson de la flotte française à Aboukir ne parvint à Vienne que vers la fin du mois de septembre. Elle décida Haydn à faire exécuter sa messe lors de la visite, en septembre 1800, de l’amiral Nelson à Eisenstadt où le compositeur était au service du prince Esterházy. Ce n’est que quelques années plus tard qu’elle prit finalement le nom de Nelsonmesse.

L’exécution toulousaine de cette foisonnante partition est placée sous la baguette experte de Joël Suhubiette qui dirige l’OCT et son magnifique ensemble vocal « les éléments ». Ainsi jouée dans sa version originale pour cordes, trois trompettes, orgue et timbales, l’œuvre témoigne d’une inventivité prodigieuse. L’intervention des quatre solistes vocaux se traduit en particulier par de vibrants échanges avec le chœur dont les commentaires cruciaux balisent le déroulement de la messe. Une prodigieuse ferveur anime la direction de Joël Suhubiette. Précision absolue du chœur comme de l’orchestre, dynamique impressionnante de l’ensemble, tout concourt à la vitalité dramatique de l’interprétation. La soprano Elisabeth Bailey, la mezzo-soprano Caroline Champy-Tursun, le ténor Mathias Vidal et le baryton Christophe Gay apportent leur contribution à la vigueur profondément musicale de l’exécution. Le vibrant accueil du public de la cathédrale Saint-Etienne obtient des interprètes le bis de l’ardent Dona nobis pacem.

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