Festivals

Sous les étoiles

C’est en effet sous la voûte étoilée de la nouvelle salle capitulaire des Jacobins que s’ouvrait, le 4 septembre dernier, le 33ème Festival International Piano aux Jacobins. La restauration du cloître, opérée récemment, donne quelques couleurs supplémentaires à ce lieu magique qui héberge chaque année ce prélude à la saison musicale toulousaine. Le très rare pianiste Henri Barda était chargé de sonner les trois coups de la manifestation fondée par Catherine d’Argoubet et Paul Arnaud Péjouan-Cassanelli.
Henri Barda, pianiste rare, iconoclaste, si peu connu chez nous, est… « né au cœur du Caire de Farouk, dans une famille de musiciens, même s’ils n’en avaient pas fait leur métier. Au tout début des années trente, un magnifique pianiste polonais, Ignaz Tiegerman, fuyant l’humidité européenne à cause de son asthme, et plus tard pas mécontent d’avoir mis grâce à cela une mer entre lui et les nazis, s’y était établi et y était resté. (…) On m’a mené chez lui enfant. Je me revois lui jouant ce jour-là le thème principal du Lac des Cygnes… », ainsi qu’il le raconte lui-même. L’élégance de sa belle crinière blanche, l’apparent détachement dont il semble faire preuve au piano ne masquent pas tout-à-fait une ombre d’inquiétude que suggère par instants son regard. La discrétion de sa carrière et l’inconfort qui caractérise ses rares contacts avec les medias évoquent quelque peu l’attitude d’un Glenn Gould. Certainement pas son jeu ! Le pianiste ne cherche pas à suivre les traces d’autres interprètes. Il est et reste lui-même. La confrontation entre Ravel et Chopin, qui nourrit le programme de son récital toulousain, est exemplaire à cet égard.

Le pianiste français Henri Barda ouvrait les festivités
le 4 septembre 2012

– Photo Classictoulouse –

Il ne faut pas avoir d’idées préconçues sur la musique de Ravel pour suivre aveuglément ses choix. La première des Valses Nobles et Sentimentales, qui ouvre la soirée, ne sonne ni noble ni sentimentale. C’est un torrent de notes qui submerge tout. Un puissant contraste anime la succession des pièces de cette œuvre réputée faite d’élégance et de clarté. La violence s’oppose aux quelques (rares) moments de retenue. La gracieuse Sonatine, elle aussi, s’avère ici pleine de drames et de nervosité. Enfin, le paroxysme est atteint dans le Prélude du Tombeau de Couperin, joué avec une telle fureur, une telle frénésie, que l’oreille à du mal à en distinguer la ligne directrice. C’est là que le bât blesse. Cette surcharge sonore, amplifiée il est vrai par l’acoustique particulière du lieu, affecte la lisibilité du texte musical lui-même. En revanche, la Fugue qui suit retrouve la finesse et la clarté que l’on s’attend à trouver chez ce Ravel-là.

Les 24 Préludes op. 28, de Chopin, occupent toute la seconde partie du concert. Henri Barda en restitue la continuité de manière convaincante, sans pour autant se départir d’une sorte de boulimie sonore. Les basses, amplifiées par une utilisation généreuse de la pédale, sont en permanence privilégiées, là aussi parfois au détriment de la mélodie principale. Les contrastes s’avèrent néanmoins judicieusement négociés. Quelques uns de ces Préludes, les plus calmes, émergent du flot tumultueux. Des îlots de poésie au milieu de la tempête.

Le grand succès recueilli par Henri Barda l’incite à prolonger son dialogue avec Chopin grâce à un Nocturne, enfin apaisé, quelques Valses et la fameuse Berceuse, comme un prélude à la nuit.

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