Depuis ses débuts, en 2002, au festival de Salzbourg, dans le périlleux rôle de Donna Anna du Don Giovanni mozartien, la soprano russe est devenue une star incontestée des médias lyriques. La Lucia qu’elle interpréta à Los Angeles en 2004 confirmait bien ce statut. Sa maison de disque ne pouvait faire mieux que de lui offrir un second récital. C’est chose faite avec la présente parution intitulée « Sempre libera », en hommage à ce rôle dont rêve toutes les soprani, celui de La Traviata.
C’est d’ailleurs avec la grande scène du 1 er acte de cet opéra de Verdi que s’ouvre le programme de ce disque. Il est suivi de la gigantesque scène finale, intégrale, de La Somnambula de Bellini. Après le somnambulisme, la folie avec à nouveau Bellini et la scène d’Elvira extraite du 2 ème acte des Puritains ainsi que celle signée Donizetti, l’incontournable Lucia di Lammermoor.
Cédant à la demande du maestro Claudio Abbado, qui dirige ici le Mahler Chamber Orchestra, Anna Netrebko ajoute à ce programme l’extatique scène dite « du saule » et l’Ave Maria qui suit, extrait de l’Otello verdien, et conclut avec l’aria de Lauretta tiré du Gianni Schicchi de Puccini.
A une petite trentaine passée et un physique hollywoodien, Anna Netrebko ajoute, et c’est ici l’essentiel, une voix de lyrique d’une belle homogénéité, avec un aigu qui ne craint pas le mi bémol de la Traviata et un très beau contrôle du souffle, élément indispensable pour interpréter les héroïnes belcantistes. Le timbre est fruité, l’émission d’une belle rondeur, la projection ne paraît pas immense mais la comédienne serait, dit-on, très habile sur scène. En studio, ici, l’élément dramatique fait alors curieusement défaut.
L’ascension est d’une telle soudaineté qu’elle nous rappelle le triste souvenir d’étoiles…filantes. L’avenir prochain et le direct devront confirmer une telle fulgurance.