Disques

Un art immortel

A la fin de sa vie, Johann Sebastian Bach conçoit l’œuvre d’art abstraite par excellence. Une œuvre qui résume en elle tout le savoir faire d’un compositeur fondateur de toute la musique occidentale. Son intitulée, « L’Art de la fugue », semble ne recouvrir qu’une suite de recettes de composition. Le génie a fait le reste. Les « Contrapunctus » (ou contrepoint, il y en a 14) et les « Canons » (seulement 4) qui composent ce monument naissent tous d’un seul et unique motif.

Combiné avec lui-même, inversé, en miroir, décliné de toutes les manières possibles, il génère une architecture d’une beauté et d’une perfection inégalée. Cet édifice n’est destiné à aucune instrumentation particulière. Il s’agit seulement d’une construction abstraite. Et pourtant, chaque exécution suscite une émotion qui naît de sa simple perfection. Il en existe diverses versions, pour clavier (orgue ou clavecin), ou pour ensemble instrumental. Le grand pianiste français Pierre Laurent Aymard nous livre son interprétation sur un piano moderne. Grandeur et simplicité guident ses choix interprétatifs qui nous livrent les secrets de cette merveille. L’émotion naît de cette simplicité, de cette rigueur chaleureuse. La gorge se noue lorsque le dernier contrepoint inachevé s’interrompt brusquement, comme un escalier qui déboucherait sur le vide. Bach meurt avant d’achever son grand œuvre…

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