Les prochaines reprises du Vaisseau fantôme de Richard Wagner au Théâtre du Capitole se font en majesté. En effet, pour cet évènement, Christophe Ghristi propose au public rien moins qu’une nouvelle production signée Michel Fau (mise en scène), Antoine Fontaine (décors) et Christian Lacroix (costume). Sous la direction musicale de Frank Beermann, un plateau très attendu composé de chanteurs qui feront, à une exception près, des débuts dans leur rôle.
Un peu d’histoire…
C’est en février 1894 que Le Vaisseau fantôme, alias Le Hollandais volant pour Richard Wagner, a remonté la Garonne pour la première fois jusqu’à Toulouse. L’accueil semble-t-il a été… moyen. Cela étant, en plein conflit contre l’Allemagne, l’œuvre est reprise, toujours en français, en 1943. Il faudra ensuite attendre 1956, et désormais dans la langue de Goethe, pour que de célébrissimes clés de fa germaniques (Ludwig Weber en Daland et Otto Wiener en Hollandais, excusez du peu !) viennent défendre, et de quelle manière, cette œuvre emblématique de la nouvelle manière du Maître de Bayreuth. Le public toulousain patientera ensuite jusqu’à la saison 70/71 pour retrouver ce Vaisseau servi par une splendide distribution : Jef Vermeersch (Le Hollandais), Heinz Hagenau (Daland) et Simone Mangelsdorff, une splendide Senta qui, hélas, devait nous quitter deux ans après, à peine âgée de 42 ans… C’est en mai 1989 que Michel Plasson dirige, en version concert à la Halle aux grains, ce Vaisseau fantôme, avec un plateau irréprochable : Hartmut Welker (Le Hollandais), Lisbeth Balslev (Senta), Wieslav Ochman (somptueux Erik) et Peter Meven (Daland).

Dernière apparition capitoline de cet ouvrage lors de la saison 92/93 dans une production de Pet Halmen et avec le légendaire Hollandais de José Van Dam ! La chronologie de ces reprises démontre à elle seule combien cet opéra n’a fait que de furtives apparitions sur la scène toulousaine.
Une œuvre de jeunesse et le premier drame musical
Richard Wagner n’est même pas trentenaire lorsque l’Opéra de Dresde crée son Vaisseau fantôme. Le livret est inspiré du mythe du Juif errant. L’histoire est tirée d’un épisode des Mémoires de M. von Schnabelewopoki, un récit imaginaire du grand poète allemand Heinrich Heine.
Œuvre pivot s’il en est car ce Vaisseau est le premier drame musical tel que le compositeur va le développer immédiatement après à partir de Tannhäuser. Dans son livret apparaît aussi, pour la première fois, le thème de la rédemption dont on sait aujourd’hui qu’il va parcourir désormais toute son œuvre. Certes, musicalement des influences disparates côtoient de vrais traits de génie originaux, mais l’ensemble peut être considéré comme la première grande œuvre « wagnérienne ». Le compositeur a souvent retouché sa partition d’origine par la suite, comme s’il voulait en extraire les influences citées précédemment, italiennes notamment.
Un plateau… familial !
Nous le savons à présent, Christophe Ghristi aime à s’entourer de chanteurs en qui il a toute confiance (et c’est réciproque) et qu’il fait évoluer dans leur répertoire. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que la présente distribution nous soit, en grande partie, familière mais aussi l’occasion de prises de rôle.
Il en est ainsi du baryton-basse Aleksei Isaev (Le Hollandais), du ténor Airam Hernandez (Erik), de la mezzo-soprano Eugénie Joneau (Mary) et du ténor Valentin Thill (Le Pilote). Pour sa première venue sur notre scène, la basse française Jean Tietgen endossera le costume de Daland pour la première fois également. Marie-Adeline Henry s’étant retirée de la production au début du mois de mai, Christophe Ghristi, qui ne se laisse pas émouvoir pour autant, a fait appel au grand soprano suédois Ingela Brimberg, étoile incontestée du firmament wagnérien qui fera ainsi ses débuts au Capitole mais pas dans le rôle de Senta qu’elle a maintes fois chanté sur les plus grandes scènes.

Enfin, et il n’est rien de le dire, nous attendons avec impatience notre phalange chorale, sous la direction de Gabriel Bourgoin, car cet opéra est certainement le plus complexe et magnifique pour les chœurs de toute la production de ce compositeur.
Vivement que la tempête se lève !
Robert Pénavayre
Spectacles : à 20h les 16, 20, 22 et 27 mai 2025 / à 15h les 18 et 25 mai 2025
Renseignements et réservations : www.opera.toulouse.fr