Le 8 mars dernier, à l’amphithéâtre Despax du campus de l’Arsenal de Toulouse, la Mission Culture des bibliothèques de l’Université Toulouse Capitole a proposé un concert de gala titré « Fête de l’opéra ». Cette rencontre a réuni l’Ensemble orchestral Pierre-de-Fermat, dirigé par Paul Millischer, et la jeune mezzo-soprano toulousaine Juliette Mey, « Révélation Artiste lyrique » aux Victoires de la Musique classique 2024.
Ce concert gratuit a attiré une foule de spectateurs au sein de laquelle les familles et leurs enfants occupaient une place particulière. L’animation instrumentale de l’événement était assurée par l’Ensemble orchestral Pierre-de-Fermat, constitué de musiciens amateurs de haut niveau et d’étudiants du Conservatoire, dirigé par Paul Millischer, ancien membre de l’Orchestre national du Capitole, et professeur au Conservatoire. Organisé en collaboration avec le Collège supérieur de Droit et placé sous le parrainage de Christophe Ghristi, directeur artistique du Théâtre du Capitole, ce concert était présenté par Marcel Marty, animateur du projet « Contre-UT … ! », projet de promotion de l’opéra, de la musique classique et du ballet classique à l’Université Toulouse Capitole.
Les organisateurs ont choisi d’inviter la jeune mezzo-soprano toulousaine Juliette Mey, couronnée dans la catégorie « Révélation Artiste lyrique » des Victoires de la Musique classique 2024. Juliette Mey est par ailleurs lauréate des prestigieux concours « Reine Elisabeth de Belgique » et « Voix Nouvelles 2023 », ainsi que de la 11ème « Académie du Jardin des Voix », placée sous la houlette des Arts Florissants de William Christie et Paul Agnew.

Ce concert du 8 mars s’ouvre sur… une ouverture. Celle de l’opéra La Dame blanche du compositeur français François-Adrien Boieldieu, une partition guillerette de 1825 qui connut son heure de gloire. De l’ensemble instrumental émerge particulièrement un basson actif et joyeux.
Juliette Mey apparaît ensuite et choisit de s’illustrer dans le sublime opéra de Mozart Les Noces de Figaro. Elle y incarne avec passion l’adolescent Cherubino. Dans ses deux airs « Voi che sapete » et « Non so più cosa son, cosa faccio », elle témoigne d’une générosité vocale impressionnante. Son timbre lumineux et d’une rondeur chaleureuse, l’éclat triomphant de ses aigus, l’extrême musicalité de son chant font merveille. Il faut en outre louer la qualité de sa diction qui permet de comprendre chaque mot, chaque intention dramatique.
Ces qualités se poursuivent et se développent dans ses autres interventions. En fin de première partie, elle aborde avec maestria l’air final d’Angelina, de l’opéra bouffe de Gioacchino Rossini La Cenerentola, « Nacqui all’affano… Non più mesta ». Un concentré, un feu d’artifice de virtuosité que Juliette Mey offre avec une générosité et une perfection rares. Son agilité vocale n’a d’égal que la passion qu’elle insuffle à son interprétation. Plus tard encore, toujours dans l’œuvre de Rossini, la cantatrice incarne le personnage de Rosine dans Le Barbier de Séville. Dans son grand air « Una voce poco fa », la même virtuosité brille de tous ses feux. Mais elle en traduit tous les traits de caractère de la jeune femme, toutes les nuances de l’écriture rossinienne.

En alternance, l’Ensemble orchestral Pierre-de-Fermat, dirigé par Paul Millischer, réalise une sorte de « highlights » de l’opéra français le plus populaire, Carmen, de Georges Bizet. Les arrangements orchestraux réalisés par Ernest Guiraud explorent l’ensemble de la partition. Les extraits des deux suites d’orchestre sont offerts comme un cadeau au public qui manifeste chaleureusement son plaisir à les entendre ainsi joués avec ferveur. Les solistes instrumentaux de l’Ensemble y incarnent successivement les principaux personnages : Carmen, Don José, Micaëla, Escamillo…
L’accueil enthousiaste du public motive l’exécution d’un bis. Juliette Mey choisit de reprendre la fin de l’air de Rosine, insistant sur le fait que l’esprit de résistance de ce personnage représente une belle illustration de la Journée internationale des droits des femmes, que l’on célèbre précisément ce 8 mars. Une belle idée abondamment applaudie !
Serge Chauzy