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EMILIANO GONZÁLEZ TORO ET LA MISA CRIOLLA

Emiliano González Toro

Emiliano González Toro vient de participer, sur les planches du Capitole, au triomphe de la dernière œuvre de Bruno Mantovani, « Le Voyage d’Automne ». Il revient au théâtre dans une œuvre totalement différente : La Misa Criolla du compositeur argentin Ariel Ramírez.  Le ténor nos donne ici les clés de son amour pour cette œuvre populaire.

Classictoulouse :  On vous connaît comme chef du prestigieux ensemble I Gemelli, comme interprète de musique baroque, et maintenant de musique contemporaine. Alors quels sont les liens d’Emiliano González Toro avec la Misa Criolla, une œuvre plus proche de la tradition folklorique que de l’opéra ?

Emiliano González Toro : En réalité cette œuvre fait partie de ma vie depuis l’enfance. Mes parents ont quitté le Chili à la fin des années 70, pour s’installer en Suisse. Mon père a alors créé un groupe de musique et la Misa Criolla et la Navidad Nuestra était invariablement au programme. Je suivais partout mon père et quand ma voix à commencer à muer et que j’ai acquis ma voix de ténor, mon père m’a invité à chanter avec lui. D’où ma connaissance de cette œuvre et mon envie de la faire connaître.

Comment vous est venue l’idée de donner cette Misa au Capitole ?

Lors de mes venues au Capitole, j’en ai parlé à Christophe Ghristi, qui a tout de suite été intéressé, et nous avons commencé à réfléchir à la faisabilité de ce projet. Je connaissais les musiciens qui pouvaient nous accompagner. La Misa est une œuvre chorale, et le Chœur du Capitole était tout indiqué pour cela. Mais je souhaitais que nous soyons deux ténors. Christophe Ghristi a évoqué Ramón Vargas. Ce fut pour moi le ciel ouvert. Ramón Vargas est un immense ténor, une légende de notre milieu, un artiste que j’admire depuis de nombreuses années. Je l’ai contacté , ça c’est très bien passé. On est en contact depuis de nombreuses semaines pour avancer et anticiper le travail ensemble et choisir le programme de la deuxième partie, qui sera une vraie Fiesta Latina, avec un programme de chansons représentatives du continent latino-américain.

Emiliano Gonzalez Toro

Comment le Chœur du Capitole a-t-il abordé l’œuvre ?

Avec le Chœur nous avons maintenant l’habitude de travailler ensemble. Et les choristes ont été enthousiastes pour ce projet. C’est une approche différente de celles qu’ils peuvent avoir d’œuvres plus classiques. Il s’agit d’une œuvre populaire, une œuvre que tout le monde peut aborder, même en ne déchiffrant pas la musique. C’est une musique de rencontre, de communion, une vraie musique populaire. Dans cet esprit ils devront être plus autonomes. Car je vais les diriger, mais dans ma partie ténor, il faudra qu’ils se débrouillent seuls .

Vous avez également le projet d’une nouvelle version de la Misa, un travail déjà bien avancé.

Oui, effectivement. Nous avons déjà fait, cette année, trois concert de ce projet complètement fou. J’avais fait, il y a quelques années, pour le centenaire de Violeta Parra *, un projet avec Thomas Enhco*, un immense pianiste jazz avec qui j’adore collaborer. Et il se trouve que quand ce projet est né je travaillais aussi avec son frère qui a un big band de jazz assez unique, The Amazing Keystone Big Band. Et moi, j’avas toujours en tête cette Misa Criolla dans d’autres types d’arrangements. C’est une œuvre qui a été écrite pour être chantée et réarrangée en permanence, comme la version de Mercédès Sosa*. Cela fait partie de l’ADN de cette œuvre d’être retravaillée, réactualisée. J’ai eu donc envie de l’arranger en version latin jazz, le big band répondant aux chanteurs. Pour cela j’ai voulu travailler avec un artiste cubain Alaín Pérez, un musicien accompli, qui a été le contrebassiste de Paco de Lucía, qui a l’habitude du jazz, de la fusion, de la salsa aussi. Je l’ai contacté, je lui ai envoyé le matériel, les partitions et il a été très vite emballé. Il est venu à Paris en avril avec moi enregistrer sa partie pour les voix. Et c’est un disque qui va sortir l’année prochaine, sous le nom de Misa Criolla Big Band Project.

Nous allons donc avoir une nouvelle version de cette Misa, après une Misa Criolla Rock en 1973, de l’éphémère groupe Gorrión.

En fait l’idée, quand on la fait à Genève, et on va la redonner encore, j’avais très envie de retrouver, vous savez quand on voit ces messes gospel aux Etats Unis, cette ferveur qui surgit au travers de ces gospels jazz, endiablés, quelque chose de plein de joie, de plein d’énergie, de plein de ferveur. J’avais envie de retrouver ça dans une Misa très jazzy. Et je crois que nous y sommes parvenus, car le public qui est venu nous écouter lors de ces trois concerts que nous avons donnés, nous a réclamer le disque, mais il n’était pas encore prêt ! Donc les concerts à venir l’année prochaine promettent un accueil du public plutôt positif.

J’espère que cela reviendra sur Toulouse !

On y travaillera, on y travaillera !

Pour l’heure nous nous retrouverons le 7 et 8 décembre pour deux spectacles quasiment complets.

                                                               Propos recueillis par Annie Rodriguez

*Violeta Parra : artiste chilienne engagée qui a remis à l’honneur la musique populaire et traditionnelle de son pays et l’a fait connaître au-delà des frontières du Chili.

*Thomas Enhco :  pianistevioloniste et compositeur de jazz et de musique classique français. Il est issu d’une famille d’artistes renommés : il est notamment le fils de la soprano Caroline Casadesus, le frère du trompettiste David Enhco, le petit-fils du chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus.

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