Après une première exécution de cet ouvrage emblématique de Johann Sebastian Bach le 9 juin dernier, l’ensemble vocal Voce Tolosa a renouvelé cette offre au public d’une version adaptée et légèrement abrégée du chef-d’œuvre baroque. Le 15 juin, l’église Saint-Exupère recevait donc pour la seconde fois le chœur amateur, trois chanteurs solistes et un groupe de musiciens chargés de les accompagner.
Il s’agissait d’adapter cette vaste partition aux moyens musicaux disponibles. La première intervention a consisté à réduire la partition orchestrale. C’est l’organiste Marc Chiron qui s’est habilement chargé d’en transcrire l’essentiel pour son instrument à multiples claviers. Afin de rendre justice à l’éclat des épisodes jubilatoires, le chef de chœur Olivier Perny a ajouté à l’orgue deux trompettes et les timbales qui prennent brillamment la parole lors de ces sections. Saluons la réussite musicale de ce travail et la qualité de son exécution par Marc Chiron lui-même à l’orgue. La partie des deux trompettes, d’une redoutable difficulté technique et musicale, est confiée à Jean-Luc Machicot, compagnon de route de longue date des grands ensembles baroques, et à Noah Planas, jeune élève en cours de formation au CRR de Toulouse. Les timbales sont tenues par Louise Fâché, en cours de formation à l’ISDAT.
Trois solistes vocaux assurent avec ferveur les airs qui ont été maintenus dans cette version abrégée de l’œuvre. La soprano Marlène Desauvage, la mezzo-soprano Lucile Verbizier et la basse Antonio Guirao se partagent donc les interventions solistes. Le chef de chœur Olivier Perny dirige l’ensemble avec précision et enthousiasme, ménageant un bel équilibre entre les divers registres. Signalons enfin que le choix du diapason baroque, le La à 415 Hz, a été judicieusement opéré.
Reconnaissons que cette partition représente peut-être le chef-d’œuvre le plus abouti de la musique sacrée baroque, riche d’airs et d’épisodes choraux éblouissants. L’origine de cette fameuse Messe en si mineur est passionnante. Elle a été finalisée par Bach à Leipzig vers 1748, deux ans avant sa mort, en assemblant sa Missa Brevis de 1733 (un Kyrie et un Gloria dédiés à l’Electeur de Saxe, pour la brillantissime Cour catholique de Dresde) avec divers morceaux déjà écrits, notamment le Sanctus daté de Noël 1724, mais aussi avec de nouvelles compositions. Bach est ainsi parvenu à favoriser le côté œcuménique de l’ouvrage, catholique par sa forme et luthérien dans son esprit. Bach aurait ainsi réalisé son grand œuvre, une somme musicale sacrée après cinquante années dédiées aux Cantates et Passions…
La sélection réalisée par Olivier Perny et Marc Chiron, aboutit à la succession de 21 épisodes sur les 25 de la partition complète. Elle respecte parfaitement l’esprit de l’œuvre, mêlant les méditations profondes, comme celle de l’Agnus Dei, et les jubilations éclatantes comme dans le Sanctus ou l’Osanna.
De la lente progression du Kyrie initial à l’exaltant Dona nobis pacem final, l’intérêt ne faiblit pas. Saluons l’engagement du chœur amateur Voce Tolosa (l’amateur est celui qui aime !) qui, par-delà le défi que représente l’exécution de ce chef-d’œuvre universel, en permet le rayonnement auprès du public le plus large.
Serge Chauzy
Le site Internet de Voce Tolosa : https://voce-tolosa.com/