Nouvelle saison pour le Ballet National du Capitole et nouvelle Directrice de la Danse. Avec Beate Vollack c’est une nouvelle histoire qui commence pour le Ballet, les danseurs et le public. Et la saison s’ouvre avec une œuvre emblématique de la Danse : La Sylphide.
Si le romantisme chorégraphique avait déjà fait quelques apparitions dans le premier tiers du XIXème siècle, c’est, en 1832, avec La Sylphide qu’il trouve l’œuvre qui en deviendra l’archétype, et en Marie Taglioni la parfaite incarnation de la ballerine romantique. C’est à son père, Filippo Taglioni, que l’on doit la première chorégraphie de ce ballet, inspiré d’un roman de Charles Nodier et sur la musique de Jean Schneitzhoeffer. Si le ballet fait la part belle à la danse masculine, et James en est le personnage central indiscutable, il n’en reste pas moins que c’est la sylphide qui domine ici. Elle est l’incarnation de l’idéal féminin romantique. Éthérée, légère, évanescente, sublimée par la découverte technique que sont les pointes, la danseuse s’élève dans la corolle mousseuse du tutu long, autre apport majeur de l’ouvrage à la danse classique. De même que le deuxième acte du ballet, où les sylphides irréelles préfigurent ce qui sera dorénavant le ballet blanc, l’acte blanc de tous les grands ballets classiques de Giselle au Lac des Cygnes, de Bayadère à Don Quichotte.
Ce n’est pourtant pas la chorégraphie de Filippo Taglioni qui nous est proposée ici, mais celle d’Auguste Bournonville. Il voit La Sylphide à l’Opéra de Paris en 1834, et souhaite la reprendre au Théâtre Royal de Copenhague, où il était maître de ballet et premier danseur. Les répétitions commencées, il apprend qu’il ne peut utiliser la musique originale, propriété du théâtre parisien. Il passe donc commande d’une nouvelle partition au compositeur danois Herman Séverin Lovenskjold, ce qui lui permet de façonner le ballet selon son propre style. Ce style est d’une telle perfection qu’il s’est conservé jusqu’à aujourd’hui. Il exige grâce, légèreté, agilité et talent de mime. Si l’élévation et la batterie sont très présente, elles ne doivent pas produire d’effets de virtuosité. La danse doit être en parfaite symbiose avec la musique.
Pour ce ballet, les danseurs du Capitole ont été guidés par la référence absolue du style Bournonville : Dinna Bjørn. Elle est l’une des rares spécialistes de Bournonville distinguée dans le monde du ballet aujourd’hui. Soliste du Royal Danish Ballet elle remporte une médaille de bronze à Varna en dansant le pas de deux de la Fête des Fleurs à Genzano de Bournonville. Très tôt, elle montre un talent particulier pour ce style et danse la plupart des grands rôles de ce répertoire. Dès 1975, elle donne des cours de danse, des conférences sur Bournonville. Depuis 1987, elle a mis en scène de nombreuses productions de Bournonville, créant des séminaires et donnant des cours autour de Bournonville pour des compagnies et des écoles dans le monde. De 2009 à 2014 elle dirige l’Académie d’été Bournonville à Biarritz, et est actuellement à la tête de la faculté des séminaires d’été Bournonville à Amsterdam, Tokyo, et aux Etats-Unis. Elle est également « consultante Bournonville » à la Vaganova Academy de Saint Pétersbourg, et est une professeure régulière de Bournonville dans plusieurs écoles internationales de ballet.
L’argument du ballet joue sur deux mondes : le réel et l’irréel. L’action se déroule en Ecosse, où James, alors qu’il doit épouser Effie, s’éprend d’une sylphide qui, depuis longtemps, trouble ses rêves. Pour se saisir enfin de cette fille de l’air, James obtient de la sorcière Madge une écharpe enchantée, qui en réalité est empoisonnée. Il attire sa bien-aimée et entoure ses épaules de l’écharpe. La sylphide perd ses ailes et meurt dans les bras de James. Un cortège de sylphides emporte dans les airs le corps de leur compagne, tandis que l’on entend au loin la fête de mariage d’Effie et de Gurn. La sorcière Madge exulte. Quant à James, il a tout perdu.
Chorégraphie : Auguste Bournonville – Restitution de la chorégraphie : Dinna Bjørn – Musique : Herman Séverin Lovenskjold – Décors et costumes : Ramon Ivars – Vidéo et assistant à la scénographie : Santiago Traid – Lumières : Jean Michel Désiré.
Le Ballet National du Capitole sera accompagné par l’Orchestre National du Capitole sous la direction de Luciano Di Martino.
Les représentations auront lieu les 20, 21, 24, 25, 27 et 28 octobre à 20h et les 22 et 29 octobre à 15h.
Réservations : www.opera.toulouse.fr / Tél : 05 61 63 13 13
Annie Rodriguez