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Fin de saison symphonique avec Tugan Sokhiev et Rudolf Buchbinder

Tugan Sokhiev dirige l'Orchestre national du Capitole - Photo Patrice Nin -

L’Orchestre national du Capitole conclut sa saison toulousaine avec panache. Le retour de Tugan Sokhiev à la tête des musiciens qu’il a dirigés pendant plus de quinze années constitue toujours un événement important. Il est rejoint cette fois par un soliste de légende, le grand pianiste autrichien Rudolf Buchbinder dans un programme musical de prestige.

Ce 10 juin prochain, deux des grands interprètes du moment se trouvent donc réunis à la Halle aux Grains pour l’exécution de deux monuments musicaux, le Concerto pour piano et orchestre n° 5 “L’Empereur“ de Beethoven et la Symphonie n° 5 de Mahler.

Il n’est évidemment plus besoin de présenter Tugan Sokhiev au public toulousain qui l’a immédiatement adopté dès sa première apparition en 2005 sur le podium de Halle aux Grains et surtout à la suite de sa nomination comme Directeur musical de l’Orchestre en 2008.

En revanche, le grand pianiste autrichien Rudolf Buchbinder constituera, pour de nombreux mélomanes toulousains, une découverte in situ. Il fait indéniablement partie des interprètes contemporain de légende. Son lien profond avec l’œuvre de Beethoven constitue un élément essentiel de toute sa carrière. Il a exécuté près de soixante fois l’intégrale des 32 sonates du compositeur au cours de cycles dans le monde ! Il a même suscité, de la part de onze compositeurs contemporains, l’écriture de nouvelles Variations Diabelli sur le thème de valse qui avait inspiré Beethoven ! Au cours de la saison 2019-2020, pour le 250ème anniversaire de la naissance de Beethoven, le Musikverein de Vienne a invité Rudolf Buchbinder pour interpréter, au cours d’un cycle dédié, l’intégralité des cinq concertos pour piano du compositeur avec cinq orchestres et cinq chefs différents.

C’est dire l’importance que revêt chaque interprétation beethovénienne de Rudolf Buchbinder. La première exécution du Concerto n° 5 de Beethoven qu’il jouera à Toulouse eut d’abord lieu à Leipzig. Elle obtint un beau succès. Le pianiste choisi pour cette première fut Friedrich Schneider, qui avait peut-être été l’élève de Beethoven. L’œuvre fut ensuite créée à Vienne, le 12 mars 1812 au Théâtre de la Cour, avec, en soliste le jeune Carl Czerny. L’accueil y fut beaucoup moins chaleureux. Considérée par la critique comme constituée de « tournures originales, frappantes quoique souvent bizarres et baroques », cette partition fut généralement qualifiée de « révolutionnaire ». Elle reste l’expression ultime et magistrale d’un génie musical initiateur du romantisme.

Le pianiste autrichien Rudolf Buchbinder – Photo Marco Borggreve –

La Symphonie n° 5 en do dièse mineur de Gustav Mahler complètera ce programme. Composée entre 1901 et 1902, elle est contemporaine notamment de trois des Kindertotenlieder (Chants des enfants morts) et en partage le caractère funèbre. Les graves problèmes de santé du musicien n’y sont probablement pas étrangers. La première eut lieu à Cologne le 18 octobre 1904 avec un succès très mitigé. Sa structure inhabituelle regroupe ses cinq mouvements en trois partie identifiées.

* La Partie I enchaîne les deux premiers mouvements :

1. Trauermarsch. In gemessenem Schritt. Streng. Wie ein Kondukt (Marche funèbre. D’un pas mesuré. Grave. Comme un conduit).

2. Stürmisch bewegt. Mit größter Vehemenz (Tempétueux, animé. Avec la plus grande véhémence).

* La Partie II comporte le seul troisième mouvement :

3. Scherzo. Kräftig, nicht zu schnell (Puissant. Pas trop rapide).

* La Partie III réunit les deux derniers mouvements :

4. Adagietto. Sehr langsam, (Adagietto. Très lentement).

5. Rondo-Finale. Allegro — Allegro giocoso. Frisch (Rondo final. Allegro- Allegro joyeux. Frais)

La structure générale de la symphonie, du sombre rythme de marche funèbre jusqu’à l’apothéose victorieuse du choral dans le Rondo-Finale, évoque une victoire face à la mort, un renouveau face à la fatalité. La rencontre puis le mariage avec Alma Schindler pendant la composition de la Symphonie n’y sont peut-être pas étrangers. L’Adagietto, le plus célèbre des mouvements grâce au cinéma (Mort à Venise de Visconti), serait en effet, selon une source de l’entourage du compositeur, une lettre d’amour en musique destinée à Alma.

Le 10 juin, la magie viennoise est à l’œuvre à Toulouse.

Serge Chauzy

Programme du concert donné le 10 juin 2023 à 20 h à la Halle aux Grains de Toulouse :

  • L. van Beethoven : Concerto pour piano n°5  » L’Empereur  » en mi bémol majeur, op. 73
  • G. Mahler : Symphonie n°5 en do dièse mineur

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