La jeune Cie Illicite de Bayonne, dirigée par le chorégraphe d’origine portugaise Fabio Lopez, et le Chœur Ascèse d’Anglet, sous la direction de Philippe Mendes, et avec la participation du pianiste Vincent Planès, embarqueront le public pour un voyage spirituel faisant implacablement surgir l’émotion, avec le Stabat Mater d’Anton Dvořák.
Pour le choix musical le chorégraphe a hésité entre Poulenc et Dvořák ; mais les ayants droit du premier ne permettent pas l’exécution de sa musique sacrée pour la danse. Et c’est en écoutant la version du groupe Accentus, dirigé par Laurence Equilbey, avec Brigitte Engerer au piano, qui reprenait la version originale du compositeur tchèque, que Fabio Lopez a choisi cette interprétation du Stabat Mater. D’une part parce qu’il l’a trouvé sublime, et d’autre part parce que le théâtre qui reçoit le spectacle ne dispose pas de fosse pour un orchestre. Le musicien et les chœurs seront donc sur scène, et participeront, dans la mesure du possible à la chorégraphie (les partitions aux mains des choristes ne permettant pas d’exécuter tous les mouvements souhaités par le chorégraphe).
C’est, à ce jour, le ballet le plus long écrit par Fabio Lopez, puisqu’il épouse la durée de l’œuvre soit 1h20 de danse. « Catholique et croyant cette œuvre me touche -nous dit-il-et elle a un sens profond pour moi . Ce qui est important pour moi dans cette musique, c’est que Dvořák, lui aussi très croyant, l’a composée après la mort de ses trois enfants, dans un moment extrêmement douloureux pour lui. La partition est très dense, très puissante, remplie d’émotion. Le chant des mots de la prière en latin est pour lui une forme de réconfort, qui s’appuie sur la foi, face à ce deuil indicible ».
Si l’œuvre est tout entière centrée sur la douleur de Marie aux pieds de son fils crucifié, le chorégraphe a voulu aller un peu plus loin dans sa démarche et a parfois représenté quelques épisodes de la Bible. Ainsi, le moment où Jésus se retrouve seul face à lui-même, dans les jardins de Gethsémani, donne lieu à un long solo, qui se termine par l’arrivée des autres danseurs venus célébrer en lui l’Agnus Dei, Sauveur de l’Humanité. On retrouvera aussi le baiser de Judas.
Pour le chorégraphe :« Cela a été un peu compliqué d’expliquer mes intentions aux danseurs, car ils sont une jeune génération qui connaît très peu l’Histoire Sainte, les thématiques étaient difficiles à aborder pour eux. Je n’ai pu que leur conseiller de lire la Bible ! Au début, ils ne comprenaient pas ce qu’il fallait incarner. Ils dansaient bien, mais ils étaient hors-sujet. Mais peu à peu la compréhension est venue. Je leur ai demandé de danser, non pas portés par une foi, une pensée religieuse, mais par l’idée de l’universalité de cette histoire. Il faut danser au-delà de ce monde. Il faut que la douleur soit là, il faut que la joie soit là».
Il s’agira en fait d’un ballet-concert, chacun trouvant dans la musique et la danse sa propre compréhension, ses propres émotions.
Pour la chorégraphie, Fabio Lopez dit rester fidèle à sa conception néoclassique, teintée de contemporain, de la danse, l’œuvre se décline en trios, solo, ou ensembles, et les danseuses chaussent bien évidemment les pointes.
Cette ouvre sera donnée Théâtre Qintaou à Anglet, le samedi 20 mai, à 20h30.
Annie Rodriguez