Pour le dernier spectacle de la saison du Ballet National du Capitole, quatre chorégraphes déclinent la danse en NOIR et BLANC.
Auprès de Jiří Kylián et Michel Kelemenis, déjà bien connus des balletomanes toulousains, deux jeunes chorégraphes font leur premier pas au Capitole : Erico Montes et George Williamson. Ces deux derniers en invités surprise. En effet, le Ballet National du Capitole a été contraint de renoncer à la programmation de la pièce Entrelacs, n’étant pas en capacité de garantir l’intégrité de l’œuvre de Kader Belarbi.
No More Play, de Jiří Kylián fut créé par le Nederlands Dans Theater en novembre 1988, sur une musique d’Anton Webern. Ce ballet amorce un renouveau radical dans l’écriture chorégraphique de Kylián. Son langage se fait plus anguleux, plus abrupt. Il glisse vers l’abstraction tout en gardant l’expressivité qui caractérisait ses premières pièces. Si un compositeur, une œuvre musicale inspiraient ses chorégraphies, à partir de ce ballet il choisi sa musique en fonction de son idée chorégraphique, et apparaissent alors, chez lui, de nouveaux goûts musicaux. Après Bach, Mozart ou Haydn, ce sont Steve Reich, John Cage ou, comme ici, Anton Webern qui vont accompagner ses ballets. No More Play constitue la première œuvre d’une série de pièces que l’on nommera par la suite « noir et blanc ». Parmi elles, Petite Mort et Falling Angels qui font partie du répertoire du Ballet National du Capitole.
Tout un Monde lointain, Yoke Martin et le Ballet du Grand-Théâtre de Genève,1997 – crédit GTG
Michel Kelemenis, enfant de Marseille (bien que né à Toulouse), va commencer la danse à 17 ans. Il dansera avec Dominique Bagouet d’abord, avant d’écrire ses premières chorégraphies ave Angelin Prejlocaj. Il fonde en 1987 sa propre compagnie, Kelemenis &cie. Amoureux du mouvement et des danseurs, Michel Kelemenis articule ses créations autour de la recherche d’un équilibre entre abstraction et figuration. Longtemps qualifié de sensuel abstrait, le chorégraphe accorde à la musique une place essentielle. Loin Tain (recréée et rebaptisée ainsi pour le Ballet du Capitole) est une pièce écrite sur la musique d’Henri Dutilleux, Tout un monde lointain. « Debussyste de cœur, j’aime la musique de Dutilleux pour son ouverture spatiale tout autant que pour son détail. Sur ce magnifique concerto pour violoncelle et orchestre, j’appuie l’idée de la quête d’un être vers un autre être, inconnu. »dit-il en parlant de cette pièce. « Si la forme n’est pas narrative, en revanche, l’hypothèse, la découverte, le frémissement, le rapprochement puis enfin la rencontre, proposent autant de prétextes à écrire les danses. » Une forêt, des masses à traverser pour atteindre l’Autre, l’isolement. Autour d’un duo immobile, la fébrilité, le bouillonnement amoureux est représenté par les danseurs. Jouant sur le noir profond, magnifié par les lumières de Rémi Nicolas, ce ballet est un vibrant hommage à Soulage, peintre du noir.
Les deux pièces suivantes sont deux duos de deux jeunes chorégraphes. Erico Montes, actuel maître de Ballet au Ballet National du Capitole, est un ancien « Principal » du Royal Ballet . Né à São Paulo, il s’installe à Londres pour étudier au London Studio Center avant d’intégrer le Royal Ballet. Il danse tant le répertoire classique (le Lac, Cendrillon, …) que néoclassique. Il est également chorégraphe et crée un certain nombre d’œuvres pour les Draft Works du Royal Ballet. Il signe ici Instar, sur une musique de John Adams, créé en 2018.
Chorégraphe britannique, George Williamson a été lauréat de l’English National Ballet School. Après l’obtention de son diplôme en 2010, il rejoint le Ballet national de Pologne où il chorégraphie parallèlement à son travail de danseur. Sa première commande est une version de L’Oiseau de feu pour l’English National Ballet, en 2012. En 2015, il crée son premier ballet narratif, Eglė, Queen of the Grass Snakes pour le Ballet national de Lituanie. Au cours des dix dernières années, ses ballets ont été programmés par l’English National Ballet, le Het Nationale Ballet, le Ballet de Berlin, le Birmingham Royal Ballet, le Ballet d’Israël, le New English Ballet Theatre, l’American Ballet Theater Studio Company, le Milwaukee Ballet, le Ballet National de Pologne. Libra, est une création pour le Ballet National du Capitole.
Annie RODRIGUEZ
Théâtre du Capitole 22, 23, 24 et 25 mars à 20h 26 mars à 15h
Renseignements et réservations : 05 61 63 13 13 – www.theatreducapitole.fr
