Opéra

Véronique Gens, une Voix si humaine

Véronique Gens - Photo : Jean-Baptiste Millot

Christophe Ghristi vient d’offrir à son public l’un de ces moments de communion aussi intense qu’intime avec l’art lyrique dont il a le secret. Programmée pour une seule représentation, ce 26 février 2025, cette Voix humaine de Francis Poulenc sur un texte de Jean Cocteau, est une véritable tragédie lyrique réclamant une interprète à l’incontestable puissance dramatique. Longtemps, la créatrice du rôle, Denise Duval, en fut l’exclusive interprète, que ce soit à Paris bien sûr, mais aussi à Milan, New York, Edimbourg, etc. Rares sont les sopranos qui surent pleinement rendre tout le désarroi de cette femme abandonnée par son amant sur un coup de fil. La parfaite maîtrise de la prosodie française est en effet un prérequis indispensable. A vrai dire, en invitant Véronique Gens, une habituée de cette partition, Christophe Ghristi ne pouvait mieux faire. Cette cantatrice est aujourd’hui reconnue comme l’interprète de référence de cet ouvrage.  Vêtue d’une robe longue tirant sur le mauve et subtilement lamée, Véronique Gens n’aura sur scène que son immense talent pour nous émouvoir. Seul un pupitre nous sépare de l’artiste. Pas de lit, pas de téléphone non plus, seule dans sa chambre déserte, tournant comme une bête en cage dans la prison de son chagrin commentait Bernard Gavoty dans le Figaro du 9 février 1959 en évoquant Denise Duval.

Le silence quasi religieux du public durant les quelque 50 minutes que dure l’ouvrage en dit long sur l’impact émotionnel de l’interprétation que nous délivre Véronique Gens de ce monologue. De la confidence murmurée aux emportements mettant sous tension le métal de sa voix, toujours attentive à la projection du texte, la soprano nous invite à des adieux déchirants auxquels l’amante délaissée ne se résout pas.

Francis Poulenc a lui-même écrit une version pour piano de cet ouvrage, initialement composé pour orchestre. Ce soir, Véronique Gens est donc accompagnée par le pianiste Christophe Manien, qui a la rude tâche de projeter dans cette conversation dont nous n’entendons qu’une voix les échos assourdis d’une tragique séparation.

De multiples et chaleureux rappels sont venus saluer les interprètes de cette précieuse soirée.

Robert Pénavayre

Partager

L’insoutenable absence
L’indicible douleur de la chaise vide
La Staatskapelle Dresden, Tugan Sokhiev et Sol Gabetta : un trio de rêve
Pour le dernier concert de sa saison, le 28 mai dernier, l’association Les Grands Interprètes a invité l’une des plus prestigieuses phalanges symphoniques de la scène internationale, l’Orchestre de la Staatskapelle de Dresde.
La 17ème édition de Passe ton Bach d’abord : « À l’Improviste ! »
Créé en juin 2008 par Michel Brun accompagné de l’Ensemble Baroque de Toulouse, le festival propose pendant trois jours des évènements autour de la musique de Jean-Sébastien Bach dans des lieux inattendus, insolites et patrimoniaux de Toulouse.
Le Vaisseau wagnérien vogue sur ses mers
DECCA nous livre une interprétation majeure du Vaisseau fantôme
La Happy Hour effervescente de Tarmo Peltokoski
Le 24 mai dernier, le jeune et dynamique Directeur musical de l’Orchestre national du Capitole retrouvait à la Halle aux Grains sa nouvelle formation symphonique devant un public nombreux, enthousiaste et curieux.
Les grands madrigaux de Monteverdi transcendés par Les Sacqueboutiers
Le dimanche 24 mai dernier, le Théâtre du Capitole accueillait l’ensemble toulousain de cuivres anciens, fidèle compagnon de route.