Ce n’est pas un mince cadeau que nous offre Christophe Ghristi pour l’ouverture de la saison 25/26 du Théâtre du Capitole. Rien moins que l’un des plus incontestables chefs-d’œuvre de l’opéra français : Thaïs, une comédie lyrique de Jules Massenet, en trois actes et sept tableaux, sur un livret de Louis Gallet d’après le roman d’Anatole France. C’est dans une production jamais présentée en France et avec une distribution internationale que ce joyau de l’opéra nous revient. Enfin !!!
Un peu d’histoire
Créé à l’Opéra de Paris en 1894, Thaïs ne va pas tarder à intégrer le répertoire du Capitole où l’œuvre fait son entrée lors de la saison 1898/1899. Devant l’énorme succès rencontré, l’ouvrage va s’installer durablement au fronton de l’illustre salle toulousaine où elle est reprise régulièrement puisqu’en février 1959 le public toulousain applaudit la quatorzième reprise de cet ouvrage. Un ouvrage qui a vu s’illustrer in loco des Thaïs devenues légendaires telles que la Ritter-Ciampi, Marthe Nespoulous et Huguette Rivière pour ne citer qu’elles. Il en est tout autant des Athanaël entrés tout droit dans la légende : André Pernet, Paul Cabanel, Michel Dens et Michel Roux. Puis l’œuvre s’est faite rare. Il faut attendre la saison 68/69 pour y applaudir Jacqueline Brumaire et René Bianco. Près de vingt ans après (!), les Toulousains font un triomphe lors des saisons 87/88 et 90/91 au couple vedette Karen Huffstodt et Alain Fondary, le dernier des grands Athanaël français. C’était il y a … 35 ans !

Et puis, plus rien. Pour être juste, l’œuvre a quasiment et mystérieusement disparu des radars du monde lyrique. Une seule reprise notoire, même si un brin hollywoodienne, au MET de New York avec Thomas Hampson et Renée Fleming en 2008 a su malgré tout redorer, à tous les sens du terme, l’image de cet ouvrage que la première scène mondiale reprend en 2017 avec, faut-il le dire, Jean-François Borras dans le rôle de Nicias. Nous la retrouvons à Monte Carlo (2021), Tours (2022), Milan (2022), Théâtre des Champs Elysées (2022), Saint Etienne sous la direction de Victorien Vanoosten (2024). Une seconde jeunesse ? Souhaitons-le !

Retour en majesté à Toulouse
C’est dans une production entièrement signée Stefano Poda, créée à Turin en 2008 et qui a fait le tour du monde depuis mais ne s’est jamais arrêtée en France, que les reprises de Thaïs se font à l’Opéra national du Capitole sous la direction musicale d’Hervé Niquet. Christophe Ghristi offre leurs débuts dans leur rôle aux deux principaux protagonistes de cette partition. A cette occasion, il fait débuter à Toulouse la soprano américaine Rachel Willis-Sorensen (Thaïs). Cette cantatrice déploie une voix qui épuise tous les superlatifs dans des rôles verdiens, pucciniens, straussiens et wagnériens et ce sur les plus grands théâtres de la planète : New York, Londres, Vienne, etc. A ses côtés, rien moins que le baryton grec, déjà applaudi à Toulouse lors des dernières reprises de Pelléas et Mélisande de Claude Debussy l’an passé dans le rôle de Golaud : Tassis Christoyannis. Le ténor Jean-François Borras (Nicias), la basse Frédéric Caton (Palémon), la soprano Thaïs Raï-Westphal (Crobyle) et les mezzos Floriane Hasler (Myrtale) et Svetlana Lifar (Albine) sans oublier la soprano colorature Marie-Eve Munger dans le rôle périlleux (vocalement) de La Charmeuse complètent une distribution qui ajoute à notre impatience de retrouver cette magnifique partition sous les voûtes du vaisseau amiral de la culture toulousaine.
L’Orchestre et le Chœur de l’Opéra national du Capitole apporteront sans doute aucun leur précieuse participation au succès annoncé de ces reprises.
Robert Pénavayre
Représentations : Théâtre du Capitole du 26 septembre au 5 octobre 2025
Renseignements et réservations : www.opera.toulouse.fr
