Pour les désormais célèbres et archi-fréquentés rendez-vous des « Midi du Capitole », Christophe Ghristi consacre cette année une date aux Lauréats du Concours Voix Nouvelles 2023 organisé par l’Association Génération Opéra dont le but est de favoriser la découverte, l’insertion professionnelle et la promotion de jeunes artiste lyriques. Excellemment accompagnés au piano par Rodolphe Lospied, ils ont été trois à exposer leur talent en ce jeudi 3 avril 2025 dans le temple français de l’opéra : le Théâtre du Capitole. L’énoncé même de cette institution, connue mondialement pour son ancienneté, la qualité de ses spectacles et l’exigence d’un public d’aficionados qui fit trembler plus d’une diva a, certainement, provoqué un trac bien naturel et légitime chez ces jeunes artistes. Devant l’accueil chaleureux et bienveillant des spectateurs, tous trois ont malgré tout rapidement pris leurs marques et retrouvé une assurance qui leur a permis de nous faire découvrir de vrais talents.

Le soprano Héloïse Poulet s’aventure dans Mozart (Despina/Fiordiligi), Gounod (Juliette), Poulenc (Thérèse). Révélant une aisance scénique incontestable, cette jeune chanteuse nous fait entendre une voix homogène, d’une belle souplesse d’émission, dont le registre aigu ira en s’affirmant. Le mezzo-soprano belge Lotte Verstaen a mis à son programme Massenet (Charlotte), Bizet (Carmen), Mozart (Dorabella) et Offenbach (La Périchole), largement de quoi exposer un timbre sombre, un beau phrasé, un appui solide, une fine musicalité et beaucoup d’émotion, sans oublier une remarquable longueur du souffle et la confirmation d’un vrai tempérament.

C’est le Flavio des reprises de la Norma au Capitole en ce mois d’avril 2025 qui complétait ce trio : Léo Vermot-Desroches. Ses courtes interventions dans le chef-d’œuvre de Bellini nous avaient fait tendre l’oreille. Ce Midi du Capitole nous confirme bien l’émergence d’un ténor dont il serait étonnant de ne plus entendre parler. A son programme : Gounod (Roméo), Massenet (Werther), Offenbach (Hoffmann/Piquillo). Le timbre est d’une clarté souveraine, le grain parfaitement concentré, l’émission puissamment projetée, l’homogénéité des registres est remarquable, beaucoup d’émotion, de belles dynamiques et une prosodie parfaite ont fait, plus particulièrement, de sa Légende de Kleinzach l’acmé de ce récital pourtant de haut niveau. Le programme officiel s’achevait avec Strauss Ii et le trio de son Baron Tzigane. Le public en voulait davantage et nos trois chanteurs revenaient avec Louis Ganne et ses Saltimbanques : C’est l’amour…, un refrain que les artistes ont fait reprendre de bon cœur par le public qui ne demandait pas mieux.
Ces Midi du Capitole sont décidément des rendez-vous aussi précieux que chaleureux.
Robert Pénavayre
Photo : Stefan Brion