Festivals

Un éblouissant final

Le plus jeune des pianistes octogénaire clôturait, ce 28 septembre dernier, le 25ème festival Piano aux Jacobins. Une fois de plus, Aldo Ciccolini démontrait ainsi la pérennité d’un talent exceptionnel. L’énergie sans limite, la force de persuasion, le pouvoir d’analyse, l’originalité d’une personnalité artistique marquent toutes ses prestations récentes.

Son récital toulousain confirme la grandeur de l’interprète qui consacrait à Schumann l’intégralité de son programme. La variété des touchers, la richesse des sonorités et des couleurs, la mobilité des tempi sont celles qui rendent justice à la complexité schumannienne. Aldo Ciccolini possède en outre un sens aigu des plans sonores qu’il brosse comme un peintre dessine les perspectives d’un paysage. Il livre enfin un Schumann d’une touchante humanité.

Aldo Ciccolini aborde les « Kinderszenen » (Scènes d’enfants) qui ouvrent le concert, sur un tempo d’une extrême lenteur qu’il maintient jusqu’aux dernières mesures. Cette succession de brefs tableaux apparaît ainsi comme la vision « a posteriori » d’une enfance heureuse. Une vision en forme de souvenir nostalgique.

Le même pouvoir d’analyse s’applique aux « Fantasiestücke » op. 111 d’où émerge l’émouvante, presque tragique, pièce en la bémol majeur. Quant au bouillonnant « Carnaval de Vienne », il grouille de personnages étranges, tantôt colorés à l’extrême, tantôt fantomatiques. Le final haletant, d’une inextinguible ferveur, tourbillonne jusqu’au vertige.

La Grande Sonate en fa mineur occupe toute la seconde partie. L’interprète parcourt cette œuvre (atypique par l’ampleur et la durée) avec un rare sens de l’épopée. Le troisième volet, « Quasi Variazioni » prend des accents de marche funèbre, alors que le final entraîne l’auditeur dans une implacable course à l’abîme.

Pas moins de quatre bis concluent la soirée, du touchant « Salut d’amour », de Edward Elgar, au nocturne en mi bémol majeur de Chopin, en passant par Debussy et de Falla (une fulgurante Danse du Feu de l’Amour Sorcier). Quatre bis salués par une enthousiaste ovation debout. Infatigable Aldo Ciccolini !

Partager

NAOS, l’émotion au pouvoir
Le 13 septembre dernier, l’église Saint-Exupère de Toulouse recevait le chœur Les Conférences Vocales dirigé par Laeticia Toulouse et la chorégraphe Loren Coquillat.
Nelson Goerner, grand piano et sublime musique
Le 11 septembre dernier, le 46ème festival Piano aux Jacobins recevait le grand pianiste argentin Nelson Goerner, l’un des grands habitués du festival.
Ukraine, un témoignage sans filtre
« Lire ce récit, c’est accepter d’affronter une réalité brute »
Fazil Say acclamé à l’ouverture du festival Piano aux Jacobins
Le 4 septembre dernier, le cloître des Jacobins, au maximum de sa capacité d’accueil, recevait le grand pianiste et compositeur turc Fazil Say.
NAOS, le nouveau programme des Conférences Vocales
Sous la direction de Laetitia Toulouse, l’ensemble Les Conférences Vocales s’associe avec la danseuse et chorégraphe Loren Coquillat pour présenter leur nouveau spectacle particulièrement original, NAOS.
La 46ème édition de Piano aux Jacobins ouvre la saison musicale toulousaine
L’annonce de la programmation du plus ancien festival français de piano, fondé en 1980 par Catherine d’Argoubet et Paul-Arnaud Péjouan, constitue toujours un événement musical de première grandeur.