Festivals

Un bicentenaire verdien bien… arrosé !

Disons le haut et fort, cela arrive rarement dans le cadre de ce festival, mais les aléas du spectacle en plein air sont tels que même Verdi, dont ce spectacle saluait le bicentenaire de la naissance, n’a rien pu faire du haut de son empyrée. Si la première se passa sans encombre, la représentation de ce 6 août a mis les instruments et les nerfs des interprètes, et du public, pour le moins à l’épreuve.
Imaginez, les premières gouttes qui font leur apparition dix minutes après le début et entraînent une courte interruption. Reprise. Cinq minutes avant la fin du deuxième acte : déluge. Replis à l’abri pour tout le monde. Interruption demi-heure. Séchage de la scène… en pente forte ! Reprise sans entracte jusqu’à la fin de l’opéra. Ouf ! Riccardo peut faire ses adieux à la vie dans l’un des finale les plus émouvants que l’on puisse entendre.

Anne-Catherine Gillet (Oscar)
– Photo Philippe Gromelle/Orange –

Cela dit et tout en tenant compte de ces circonstances un brin déstabilisantes, que dire sur ce spectacle. Avant toute chose, qu’il vient d’offrir à la soprano belge Anne-Catherine Gillet, un magistral triomphe. Soyons clair, LE triomphe de la soirée. Et c’est là que tout se complique car Anne-Catherine Gillet chante… Oscar, un second rôle, magnifique certes, mais tout de même, juste trois courtes scènes de quelques minutes à peine chacune. Cela dit, elles ont suffi à nous faire entendre un Oscar d’une virtuosité et d’une musicalité à tomber par terre. La voix a pris de l’ampleur (attention au contrôle du vibrato…) et s’achemine aujourd’hui vers d’autres rôles : Traviata et Rigoletto la saison prochaine. Toujours très à l’aise sur scène, Anne-Catherine Gillet a littéralement brûlé les planches de ce Bal masqué. Ovation au salut final. Ce succès, elle a dû tout de même le partager avec Alain Altinoglu qui, malgré les circonstances, a su tenir ferme l’Orchestre de Bordeaux-Aquitaine ainsi que les Chœurs de régions et nous faire entendre un Bal masqué d’une belle rigueur de style et profondément émouvant.

La mise en scène signée Jean-Claude Auvray, copieusement conspuée le soir de la première, est, tout au plus, une mise en place autour de quelques bancs. Seul l’antre d’Ulrica fait passer un léger frisson. Remplaçant Dolora Zajick, initialement prévue, Sylvie Brunet-Grupposo assure du mieux qu’elle peut dans l’enceinte gigantesque du Théâtre antique ce rôle de voyante, véritable contralto descendant jusqu’au contre-sol grave ! Kristin Lewis, Amelia, est incontestablement une habile musicienne, capable de sons filés complètement extatiques. Est-elle pour autant le soprano verdien que ses nombreuses Aïda le laisseraient penser ? Devant le Mur, la réponse est négative. La question se pose également concernant le Riccardo de Ramon Vargas, ténor célébré partout dans le monde dans le répertoire verdien particulièrement. Le style, le phrasé, l’élégance de la ligne de chant, tout est là. Ou presque, car manquent en plein air la brillance du timbre et cette impérieuse projection sans lesquelles les héros lyriques demeurent ici en retrait. Le cas du baryton Lucio Gallo est plus complexe car sa voix passe, incontestablement, et l’on sent bien qu’au travers de ses multiples Iago se glisse de temps en temps un Hollandais maudit. Mais si l’organe passe, l’instrument donne des signes de faiblesse, autant dans le registre supérieur que dans le contrôle du souffle. Pour un rôle éminemment belcantiste comme celui de Renato, le handicap est flagrant. Dommage, d’autant que les deux autres clés de fa : Nicolas Courjal (Samuel) et Jean Teitgen (Tom) faisaient largement honneur à ces deux rôles secondaires en mettant à leur disposition deux voix de basse somptueuses.

Le verdict du Mur est décidément sans appel.

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