Festivals

Trajectoire en miroir

Inattendu, étrange, subtil, fort et profond, le récital donné par Pierre-Laurent Aimard le 13 septembre dernier n’est comparable à aucun autre. Dans le cadre de la carte blanche qui lui était offerte par le festival Piano aux Jacobins, le grand pianiste français conviait son public à un long voyage initiatique.

Ce voyage à travers l’Art de la Fugue, de Johann Sebastian Bach, nous plongeait dans l’une des œuvres musicales les plus abstraites, les plus « intellectuelles », au sens noble du terme, au sens de construction de la pensée. Quoi de plus austère, direz-vous, que ce monument musical basé sur un seul thème géniteur ?

Le grand pianiste français

Pierre-Laurent Aimard

(photo Guy Vivien)

Et en effet l’austérité est présente, ce soir-là, dans la succession des contrepoints savants et des canons élaborés par un maître ès architecture musicale. Pourtant, cette architecture véhicule sa propre émotion, une émotion de même nature que celle qui naît de la contemplation du Parthénon ou du Taj-Mahal, ou plus simplement de la symphonie des colonnes qui rythment la magie du cloître des Jacobins.

Le trait de génie de Pierre-Laurent Aimard consistait à ponctuer cette succession rigoureuse de constructions savantes d’une série de courtes pièces poétiques du compositeur hongrois contemporain György Kurtag. Ces pièces, extraites du recueil intitulé « Jeux », interrompent de manière impertinente ou insidieuse le fleuve puissant, invincible qui coule dans la sérénité. Commentaires ou répliques, prolongements ou dialogue fructueux, elles imprègnent le discours musical de leur propre substance.

L’émotion atteint son sommet à l’interruption de la fameuse fugue inachevée que Bach construisit sur les lettres de son propre nom. Une interruption qui ressemble à la mort.

Parmi les trois bis réclamés par un public conquis, hypnotisé par la performance, un canon supplémentaire signé Bach s’intercale entre une invention à deux voix du compositeur américain contemporain Eliot Carter, ici en création française, et une pièce facile (jouée avec un seul index !) composée par Kurtag pour l’anniversaire de sa petite fille Judith.

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