Festivals

Piano et image

Le 29ème festival Piano aux Jacobins inclut dans son déroulement la passionnante série des tableaux concerts, organisée en partenariat avec le musée d’art moderne Les Abattoirs. Consacrés à la musique de notre temps, ces récitals associent une toile significative du musée et une programmation d’œuvres susceptibles de tisser des liens avec elle. Le pianiste invité reste bien sûr responsable du choix des partitions qu’il offre au public et du commentaire dont il accompagne leur exécution.

Le subtil pianiste français

Florent
Boffard

Le 22 septembre dernier, avec Florent Boffard, Piano aux Jacobins avait invité l’artiste idéal pour cet exercice. En effet, cet élève d’Yvonne Loriot qui fut membre de l’ensemble InterContemporain, proposait un programme d’une grande cohérence destiné à établir une correspondance avec la superbe toile d’Emilio Vedova « Lettera aperta 2-82 ».

Présentant avec intelligence et sensibilité chacune des partitions de son récital, Florent Boffard consacrait la soirée à Messiaen et Stockhausen, deux géants de la musique du 20ème siècle.

L’Alouette Lulu et La Bouscarle, extraits du Catalogue d’oiseaux, d’Olivier Messiaen, ouvrent la soirée. La subtilité des rythmes, celle des couleurs, l’évocation des chants de ces « petits artistes » comme les considérait le compositeur n’ont aucun secret pour l’interprète qui tisse des liens subtils avec la toile de Vedova.

L’élaboration des atmosphères nocturnes ou ensoleillées, ainsi que la vigueur des attaques pianistiques sonnent comme un contrepoint des traits rythmés de noir de cette « Lettera aperta ».

Le tableau d’Emilio Vedova

« Lettera Aperta 2-82 » du

musée des Abattoirs

Avec le Klavierstück IX, de Karlheinz Stockhausen, l’abstraction progresse. Florent Boffard assène avec une étonnante progression des nuances cet accord fatidique répété 142 fois et bâtit ainsi une architecture d’une force inextinguible.

Un retour à Messiaen plonge à nouveau l’auditeur dans la poésie du Courlis cendré et son environnement embrumé. Une poésie que le pianiste prolonge avec un bis en forme de retour aux sources, Des pas sur la neige extrait du premier livre des Préludes de Debussy.

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