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L’Homme armé ouvre Toulouse les Orgues

L’ensemble de cuivres anciens de Toulouse, Les Sacqueboutiers, et cinq chanteurs du prestigieux ensemble vocal Clément Janequin se retrouvent pour donner le signal de départ des festivités de l’orgue. La 18ème édition du Festival International Toulouse les Orgues s’ouvre en effet le 9 octobre prochain en l’église-musée des Augustins sur un grand concert autour d’une partition médiévale mythique, la Messe de l’Homme armé, du compositeur franco-flamand Pierre de La Rue (1460-1518). Les Sacqueboutiers et l’ensemble Clément Janequin (direction Dominique Visse) associeront à l’intégrale de la messe de Pierre de La Rue, des pièces d’autres grands compositeurs de la même époque écrites sur le même thème : Jacob Obrecht, Johannes Ockeghem, Claude Goudimel, Josquin Des Prés…

Les Sacqueboutiers et l’ensemble Clément Janequin – Photo Patrice Nin –

Le thème de l’Homme armé, issu d’une chanson célèbre du Moyen Âge, a donné naissance à de nombreuses messes écrites entre 1450 et 1500. Cette chanson profane, bien connue aujourd’hui, a été très largement exploitée, plus que toute autre, par les compositeurs de la Renaissance lors de la messe latine. Plus de 40 compositions s’en inspirent. L’origine de sa popularité et l’importance du thème de l’homme armé font l’objet de plusieurs théories. Certains ont suggéré que l’homme armé représente l’Archange Saint Michel, tandis que d’autres pensent que ce nom représente celui d’une auberge (Maison de l’Homme armé) située près des appartements de Guillaume Dufay à Cambrai. Cela pourrait aussi évoquer l’armement pour une nouvelle croisade contre les Turcs. Il est important de noter que la première apparition de la chanson est contemporaine de la chute de Constantinople en 1453, un événement qui a eu de grandes conséquences stratégiques et psychologiques en Europe.

La plupart des compositeurs qui écrivirent des messes sur cantus firmus d’après L’Homme armé forment une grande lignée qui va de Dufay et Ockeghem (fin du Moyen Age et Renaissance) jusqu’à Carissimi au XVII° siècle, en passant par Pierre de La Rue, Obrecht, Palestrina, Morales et Josquin Des Prés. Par deux fois, ce dernier revint sur cette mélodie pour édifier deux cathédrales sonores dans la pure tradition des polyphonies franco-flamandes.

La majorité des messes dites de “l’Homme armé” ont été écrites entre 1450 et 1500. Cet engouement provient-il de sa possible origine bourguignonne en liaison avec l’ordre de la Toison d’or, d’une réminiscence des Croisades, ou encore d’une évocation cachée de Longus, le soldat romain qui transperça le flanc du Christ ? Aucune de ces hypothèses n’apporte d’éclairage satisfaisant sur les destinées d’une pièce dont le texte même reste énigmatique.

Pierre de La Rue, compositeur franco-flamand, est cité dans les manuscrits des XV°-XVI° siècles sous le diminutif de “Pierchon”. Chanteur à la cour de Bourgogne entre 1492 et 1516, il effectua des voyages en Italie du Nord vers 1482, puis en Hollande, en France, en Espagne et en Autriche, à la suite de Philippe le Bel, puis de Charles V et de Marguerite d’Autriche.

Ses œuvres, que l’on peut dater entre 1489 et 1518, connurent une large renommée durant tout le XVI° siècle. Pierre de La Rue est le seul musicien de son temps qui puisse, pour la noblesse de l’écriture, être comparé à Josquin des Prés ; il apparaît d’ailleurs en compagnie de Josquin et d’autres brillants contrapuntistes dans quatre listes de musiciens renommés, celle de la Déploration de Jehan Ockeghem.

La découverte d’une mémoire ancienne est au programme de ce concert d’ouverture.

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