Comme le déclare son Directeur, Jean-Pierre Rousseau, « Le Festival qui, depuis 2006, s’était largement investi dans le Languedoc-Roussillon prend désormais la mesure de la nouvelle région Occitanie et accède, en 2017, à de nouveaux lieux prestigieux. » Créé en 1985 à l’initiative de Radio France et de la Ville de Montpellier et confié initialement à la direction de René Koering, ce Festival étend donc son domaine géographique jusqu’à Toulouse et ouvre ses manifestations musicales aux portes de la Ville rose, en partenariat avec le Festival Toulouse d’Eté.
Le 10 juillet prochain, la basilique Sainte-Germaine de Pibrac accueille ainsi le concert d’ouverture de l’édition 2017, confié au Concert Spirituel que dirige Hervé Niquet. A l’occasion des trente ans de sa fondation, cet ensemble réputé convie le public à la découverte d’inédits de Monteverdi, Palestrina, Frescobaldi et surtout Benevolo.
Le Concert Spirituel fut la première société de concerts privés en France. Fondée au XVIIIe siècle, elle s’éteint avec la Révolution française. Son nom est repris par Hervé Niquet lorsqu’il fonde son ensemble sur instruments anciens en 1987, dans le but de faire revivre les grandes œuvres du répertoire français jouées à la cour de Versailles. Dans cet esprit, Le Concert Spirituel s’attache à faire entendre les grands compositeurs du patrimoine français, de Charpentier à Lully, en passant par Campra ou Boismortier. Élargissant son répertoire aux maîtres italiens et anglais notamment, Le Concert Spirituel s’impose sur la scène nationale et internationale comme l’un des ensembles de référence dans l’interprétation de la musique baroque.
Le Concert Spirituel, dirigé par Hervé Niquet
– Photo Eric Manas –
Outre quelques inédits de Monteverdi, Palestrina et Frescobaldi, Hervé Niquet parie sur la découverte d’un compositeur oublié, Orazio Benevolo (1605 – 1672). De père (pâtissier) bourguignon émigré à Rome, Orazio Benevolo fut l’un des plus grands génies de la polychoralité, un compositeur prolixe, probablement auteur de l’opus le plus important de tous les compositeurs italiens.
Jeune garçon, il intégra la Maîtrise de Saint-Louis des Français, et par la suite, organisa tout au long de sa vie des cérémonies et liturgies représentant le faste de l’Art français à Rome. Il eut l’honneur de finir sa carrière comme maître de chapelle au Vatican.
Hervé Niquet a découvert cet extraordinaire compositeur grâce à Jean Lionnet, qui, avant d’être musicologue au Centre de musique baroque de Versailles, avait été ingénieur du son pour le cinéaste Federico Fellini. Pendant des années, Jean Lionnet eut ainsi l’accès au fonds musical du Vatican, duquel on ne pouvait faire sortir aucun document. Il copia, à la main, des années durant, partie après partie, l’œuvre de nombreux compositeurs italiens tombés dans l’oubli… dont celle de Benevolo, qui était alors complètement inconnu. Voilà plus de vingt ans, Hervé Niquet se vit confier certaines partitions et, immédiatement passionné par ce qu’il découvrit, il fit le pari d’enregistrer, avec son Concert Spirituel, la Missa Azzolina de Benevolo. Depuis lors, il n’a eu de cesse que de faire connaître cet auteur, dont les trésors méritaient bien une résurrection.
Hervé Niquet tient à remercier pour leur aide précieuse Philippe Canguilhem et Elisabeth Geiger sans qui ce projet n’aurait pu voir le jour. La partition du Magnificat à 16 voix d’Orazio Benevolo, trouvée à la Bibliothèque de Trente, a été transmise à Philippe Canguilhem par Marco Giuliani.
Pour ce concert exceptionnel, Hervé Niquet a imaginé un étonnant dispositif spatialisé, les effectifs vocaux et instrumentaux étant répartis en huit ensembles tout autour du public, celui-ci se trouvant ainsi au cœur de la musique. La Messe Si Deus pro nobis à 8 chœurs et le Magnificat à 16 voix sont inscrits au programme de c Ce concert d’ouverture qui aura donc lieu le lundi 10 juillet 2017 à 20 h 30 en la Basilique Sainte-Germaine de Pibrac.