Festivals

Elisabeth la grande

La fraîcheur humide et vespérale du cloître des Jacobins n’a en rien modéré la passion et l’énergie de la grande pianiste Elisabeth Leonskaja lors de son récital du 19 septembre dernier. Formée à la prestigieuse école russe, celle qui collabora avec Svjatoslav Richter et s’installa à Vienne dès 1978 mène depuis une carrière aussi médiatiquement discrète que profondément musicale.

La grande pianiste d’origine russe Elisabeth Leonskaja (Photo Rafael Martin)

Pianiste de caractère, Elisabeth Leonskaja s’engage immédiatement dans chacune des partitions qu’elle aborde avec une énergie, une force qui renversent les évidences. Si cette énergie bouscule un peu trop les élégantes « Valses nobles et sentimentales » de Ravel qui ouvrent le récital, elle anime avec éclat et profondeur la belle sonate de George Enescu. Composée en même temps que l’opéra Œdipe, cette œuvre rare et puissante nécessite un investissement physique et conceptuel que possède ô combien Elisabeth Leonskaja. La grande coulée de l’allegro molto moderato e grave initial prend sous ses doigts une allure de sonate de Liszt, alors que le scherzo possède quelques échos jazzy bien dans leur époque. L’onirisme du jeu de la pianiste illumine de l’intérieur le vaste andante final.

Dans les trois préludes de Debussy qui concluent la première partie, l’interprète se montre plus volontaire, plus animée que la plupart de ses collègues. « Feux d’artifice », en particulier se pare de couleurs vives et d’une lumière éblouissante.

Les quatre scherzos de Chopin occupent toute la seconde partie de la soirée. Le Chopin de Leonskaja coule avec une liberté passionnée, comme dans un grand élan d’improvisation. La musique semble s’écrire avec la spontanéité de l’instant. La tragédie déchaîne ses orages dans le premier scherzo. La passion du deuxième et la puissance expressive du troisième conduisent à la lumière du quatrième qui laisse enfin planer un certain sourire et sourdre une mélancolie rêveuse.

Chopin revient en premier bis avec une magistrale exécution de la fameuse Valse en ut dièse mineur op. 64 n° 2. Une valse encore conclut la soirée. Il s’agit cette fois de la très nostalgique « Plus que lente » de Debussy avec laquelle l’interprète quitte un public ébloui.

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