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Boris Berezovski conclut brillamment la 40ème édition de Piano aux Jacobins

Le concert final de cette édition historique du festival international de piano a été confié à l’ouragan Boris Berezovski. Le 30 septembre dernier, le grand pianiste moscovite a donc investi de son impressionnante silhouette la Halle aux Grains en lieu et place du cloître des Jacobins, peut-être trop exigu pour l’ampleur de sa prestation.
Bâti comme un colosse, et néanmoins capable des plus extrêmes nuances sur un clavier, Boris Berezovski consacrait son récital à un florilège de ces musiques russes dans lesquelles il semble puiser une énergie sans limite. Musiques russes par la forme mais parfois inspirées des grands compositeurs de l’histoire de la musique.

Bousculant l’ordre initialement prévu des pièces de ce programme, le pianiste consacre toute sa première partie à l’un des compositeurs les plus imaginatifs de l’âge d’or russe, Alexandre Scriabine. Il réalise alors un véritable « medley », construit avec soin, d’un ensemble de partitions significatives de l’auteur du Poème de l’extase. Deux poèmes, deux sonates (n° 4 et n° 5) ainsi que quelques pièces aux noms caractéristiques, comme Fragilité, Désir ou Caresse dansée, composent un édifice captivant et un peu magique auquel l’interprète confère une « hénaurme » puissance expressive. Une sorte de folie bouillonnante imprègne son approche. S’il sait montrer ses muscles lorsque l’écriture le demande, Boris Berezovski ne sombre jamais dans la lourdeur. La fluidité du jeu reste la règle. Et aussi le sens de la couleur. On retrouve là les aspirations de Scriabine à créer une correspondance entre les sons et les couleurs, lui qui avait inventé un « clavier à lumières », chargé de diffuser des équivalences lumineuses aux accords musicaux.

Boris Berezovski à la Halle aux Grains – Photo Classictoulouse –

Ainsi, du murmure d’une brise légère à la violence d’une éruption volcanique, de la poésie fugace d’une mélodie à une coulée de lave incandescente, le jeu du pianiste reste au plus près de l’écriture cosmique, mystique, du compositeur à laquelle l’auditeur se livre comme à une drogue sonore. Impressionnant !

Dans la seconde partie de la soirée l’interprète retrouve un autre de ses compositeurs fétiches, Sergueï Rachmaninov. Sa Sonate n° 2 en si bémol majeur présente un foisonnement de thèmes et une ébullition rythmique que le pianiste porte à une sorte d’apothéose tellurique. Suit alors une série de paraphrases ou de transcriptions imaginées à partir d’œuvres admirées par Rachmaninov. Le Prélude de la Partita pour violon n° 3 de Johann Sebastian Bach, le Scherzo du Songe d’une nuit d’été, de Felix Mendelssohn ouvrent la série. Puis le fameux Liebesleid (Chagrin d’amour), de Fritz Kreisler sonne avec nostalgie. Rachmaninov et son interprète prolongent habilement les atmosphères des pièces originales. La transcription du lied Das Bächlein (Le ruisseau), extrait du cycle La Belle Meunière, de Franz Schubert, est à cet égard caractéristiques, avec cette fluidité liquide qui orne la mélodie.

La série s’achève sur la belle Berceuse de Tchaïkovski, toujours transcrite par Rachmaninov.

Rappelé avec insistance, comme pour boucler la boucle, Boris Berezovski revient vers Scriabine avec deux de ses Etudes.

Ainsi s’achève cette 40ème édition de Piano aux Jacobins, une édition particulièrement réussie aussi bien sur le plan des interprètes que sur celui des programmations. La 41ème sera celle du 40ème anniversaire. Mais oui, comptez bien !

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