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Beethoven deux fois cinq

Coïncidant avec le concert d’ouverture de la saison de l’orchestre du Capitole, la deuxième manifestation du festival Piano aux Jacobins associait, le 5 septembre dernier, l’expérience et la sage longévité du grand Leon Fleisher à la fougue et à l’étonnant instinct musical de Tugan Sokhiev. Consacrée à Beethoven, la soirée était placée sous le signe du chiffre cinq. Cinq comme cinquième concerto pour piano et comme cinquième symphonie.

Le grand pianiste américain Leon Fleisher et l’Orchestre du Capitole

dirigé par Tugan Sokhiev

Deux des plus célèbres œuvres du plus célèbre des grands compositeurs. Et pourtant ces deux œuvres n’avaient pas été présentée à Toulouse depuis bien des années. Encore que la 5ème symphonie aurait dû être exécutée lors du concert du 15 mai 2008. Souvenez-vous chers mélomanes, le plus impressionnant des orages de grêle avait alors interrompu le déroulement de la soirée !

Louons tout d’abord sans réserve la qualité, le style profondément « beethovénien » de l’exécution de l’ouverture de Prométhée jouée en guise de luxueux hors-d’œuvre. Volubilité des cordes, équilibre idéal des pupitres, caractère affirmé de la déclamation.

L’éblouissant concerto « L’Empereur » retrouvait au clavier les deux mains de Leon FLeisher. Il retrouvait surtout son incomparable musicalité, sa sonorité dense et profonde, sa science de la construction, la poésie de ses nuances, l’intensité de son pouvoir expressif. Dès l’introduction glorieuse, « impériale » comme il se doit, un véritable dialogue s’établit entre le soliste et l’orchestre. Un orchestre aux sonorités éblouissantes mené de main de maître par un Tugan Sokhiev inspiré et attentif. Ainsi interprété, le vaste allegro initial raconte une histoire. Le piano déploie toutes les richesses de ses sonorités, de la déclamation péremptoire jusqu’aux secrets murmurés de ses confidences. Une tendresse infinie imprègne l’émouvante méditation de l’adagio dans lequel Leon Fleisher conduit un discours d’une beauté absolue. Quelle sublime et subtile transition vers le rondo final ! Le soliste y enfouit sa sonorité aux limites du silence avant d’entonner son chant de victoire. Qu’importe les quelques imperfections digitales de ce troisième volet. La force, la conviction, l’intelligence de chaque nuance, jamais gratuite, enchâssée dans une trame orchestrale de toute beauté, emporte l’adhésion et suscite l’enthousiasme de l’auditoire. Au point d’obliger Leon Fleisher à se remettre au piano pour un Nocturne de Chopin d’une infinie subtilité.

Dans la 5ème symphonie, qui occupe la seconde partie du concert, Tugan Sokhiev déclenche la tempête. Le tempo vertigineux de l’allegro con brio initial, à la limite des possibilités d’articulation, implacable et sans reprise, ne trouve un fugace apaisement que dans l’oeil du cyclone d’un sublime solo de hautbois. Il conduit à un andante con moto subtilement ponctué. Les contrastes du scherzo, admirablement ménagés aboutissent à un final qui retrouve la hâte du premier mouvement. Cette chevauchée fantastique conclut l’œuvre sur une étonnante course à l’abîme.

Le succès est tel que le chef et son orchestre offrent en bis l’exécution de l’ouverture des Noces de Figaro de Mozart. Le tempo ébouriffant de cette exécution mousseuse et excitante prend au mot le sous-titre de la pièce de Beaumarchais « la folle journée ».

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