Festivals

Bach, le retour !

Voici venu le temps de la plus joyeuse transhumance musicale de la ville rose ! Le festival intitulé malicieusement « Passe ton Bach 2012 », pour sa 5ème édition, renoue avec la tradition établie en juin 2008. Une déferlante musicale avait alors balayé la ville de ses dizaines de concerts, tous célébrant l’universalité d’un des incontestables génies de l’histoire de la musique occidentale, Johann Sebastian Bach. La pérennité de cet événement musical majeur a fort heureusement été assurée. Les manifestations ultérieures n’ont fait qu’amplifier la fascination provoquée par ce phénomène. Les 8, 9 et 10 juin prochains, n’en doutons pas, marqueront de nouveau les esprits.
« Passe ton Bach d’abord » s’est fait une place à part dans le riche panorama des activités musicales de la Ville rose. Cette entreprise de communion des publics les plus divers autour d’un compositeur universellement vénéré a d’ores et déjà atteint son but. L’idée folle de faire vibrer toute la ville sous les accents des musiques de Bach-le-Grand représentait, en 2008, un défi incertain a priori. Dès la première édition, le pari était gagné. Elle avait révélé la manifestation d’un esprit particulier de convivialité parmi les spectateurs et les musiciens. Elle avait surtout confirmé le fait que la musique dite « classique » n’est pas réservée à une petite élite, mais ouverte à tous, comme ne cesse de le proclamer l’artisan imaginatif de ce festival, Michel Brun, directeur de l’Ensemble Baroque de Toulouse, flûtiste et professeur au Conservatoire de Toulouse.

L’Ensemble et le Chœur Baroques de Toulouse dirigés par Michel Brun,

principaux artisans du festival

Les principes de base de cette grande manifestation restent les mêmes : partager et attirer tous les publics possibles, et surtout ceux qui n’ont jamais osé franchir les portes des salles de concert, dans une farandole de manifestations courtes (une demi-heure) hébergées dans une multitude de lieux répartis au centre de la cité : salles de concert, mais aussi places, cours, bars…

La cinquième édition de ce « festival sérieux qui ne se prend pas au sérieux » est annoncée par son organisateur en chef Michel Brun lors d’une conférence de presse organisée, le 24 mai, dans les locaux de l’attachante librairie « Ombres Blanches », en présence des représentants des principaux partenaires qui soutiennent cette manifestation. La Mairie de Toulouse est représentée par son Adjointe à la culture, Vincentella de Comarmond, et son Délégué aux musiques, Jean-Christophe Sellin.

Une centaine de concerts ou événements divers, se déroulant dans de multiples lieux différents, patrimoniaux ou insolites, prestigieux ou inattendus, sont offerts par l’Ensemble Baroque de Toulouse et ses invités issus de tous les domaines musicaux possibles. Comme plusieurs concerts ont lieu en même temps dans des lieux différents, la plupart d’entre eux sont présentés une fois le samedi, une deuxième fois le dimanche.

La violoncelliste Ophélie Gaillard abordera les Suites pour violoncelles seul de Bach

sous un angle particulier – Photo Carolie Doutre –

Comme les années précédentes, les concerts proposés sont soit gratuits, lorsqu’ils sont présentés par des artiste amateurs, soit offerts à 5 € avec la possibilité d’acheter un forfait global, de 20 à 50 €, pour ceux auxquels participent les artistes professionnels. Les programmes proposés sont interprétés aussi bien par des musiciens de premier plan spécialistes de musique baroque, que par des artistes d’autres pratiques musicales : jazz, tango, hip-hop… Les lieux investis sont répartis dans la ville de manière à provoquer l’itinérance des spectateurs, incités ainsi à redécouvrir leur ville et ses sites les plus secrets ou les plus insolites.
Eloge de la danse
Cette année le thème du festival est résumé par son titre explicite « Bach, éloge de la danse »

Comme l’indique Michel Brun : « Chez Bach la danse est présente partout. Sarabande, menuet ou gigue, la danse est au cœur de la musique baroque. Bach, en bon musicien de son temps, les utilise lui aussi dans ses nombreuses partitas, suites et ouvertures. Mais la danse irrigue en réalité la presque totalité de son œuvre, y compris là où on l’attend le moins, dans sa musique religieuse par exemple. Ne fait-il pas entendre un petit pas de bourrée pour illustrer les vaines séductions du monde terrestre ? »

Sir John Eliot Gardiner ouvrira le festival, le 8 juin, avec son prestigieux Monteverdi Choir

– Photo Maciej Goździelewski –

Les grands moments
L’ouverture du festival est célébrée par un concert exceptionnel organisé en partenariat avec Odyssud le vendredi 8 juin, en la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse. Le Monteverdi Choir, dirigé par son prestigieux fondateur, Sir John Eliot Gardiner, y chantera des pièces chorales de l’époque prébaroque anglaise. John Taverner, William Byrd, Thomas Tallis et leurs contemporains figurent ainsi au programme.

Parmi les autres grands musiciens invités, « Passe ton Bach d’abord » recevra notamment la grande violoncelliste Ophélie Gaillard qui s’associera avec le chorégraphe et danseur de hip-hop Ibrahima Sissoko, dans une illustration irrévérencieuse de suites pour violoncelle seul. L’organiste Michel Bouvard, de son côté, dialoguera avec la danseuse contemporaine Marcela San Pedro en l’église-musée des Augustins…

Diverses créations seront présentées par des ensembles pleins d’imagination, comme L’Ensemble C., Banda de Pifanos, Otro Tango, Bach à sable, les Fleurs de Bach… Ateliers de danse, conférences complèteront ce programme de folie.

Bien entendu, l’Ensemble Baroque de Toulouse (violon solo Laurent Pellerin), créé en 1998 par Michel Brun, ainsi que son chœur, seront largement sollicités. Johann Sebastian Bach, mais aussi Georg Philipp Telemann, Marin Marais seront de la fête. Comme le veut la nouvelle tradition, le festival s’achèvera, le dimanche 11 juin en la cathédrale Saint-Etienne, sur la présentation de la Cantate sans filet du mois. Il s’agira de la BWV 75.

Et puis, petite surprise inédite, un certain jour, à une certaine heure pendant ce festival, tous les bars de la Ville rose diffuseront simultanément, l’espace d’un moment, de la musique de Bach. Comme pour célébrer une communion musicale.

Souhaitons-nous « bon Bach » !

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