Disques

Saint-Saëns rajeuni par Mūza Rubackyté

La grande pianiste franco-lithuanienne Mūza Rubackyté mène une belle carrière basée sur la musicalité et l’énergie maîtrisée de son jeu. Limitée un temps par les conditions politiques qui prévalaient dans son pays d’origine, la Lituanie, elle a été formée à la rude école du Conservatoire Tchaïkovski de Moscou. Lauréate du concours « All Union » de Saint-Pétersbourg, puis Grand Prix 1981 du Concours International de piano Liszt-Bartók de Budapest, Mūza Rubackyté connaît enfin la célébrité, à commencer en France où elle a remporté, en 1989, le Premier Prix du Concours international des Grands Maîtres Français.

Si le nom de Mūza Rubackyté est souvent associé à celui de Franz Liszt, dont elle reste une interprète privilégiée, son répertoire s’étend bien au-delà de l’œuvre foisonnante de l’abbé virtuose. La présente parution démontre l’intérêt que la grande pianiste porte à la musique française. Une musique qu’elle défend ici dans son pays d’origine. Les concertos n° 2 et 5 de Camille Saint-Saëns qui figurent sur cette parution ont été enregistrés en concert dans le National Philharmonic Hall de Vilnius, avec l’Orchestre Philharmonique National de Lituanie, respectivement dirigé par Hanns-Martin Schneidt et Alain Pâris.

On oublie trop que Saint-Saëns, vénérable barbu à la fin de sa longue vie, respecté et souvent taxé d’académisme, fut un enfant prodige, pianiste virtuose, qui composa à l’âge de onze ans sa propre cadence du concerto n° 15 de Mozart. L’énergie et l’invention qu’il développe dans ses concertos trouvent en Mūza Rubackyté une interprète, une avocate même, pleine d’enthousiasme et de vigueur poétique. Ainsi, dans l’Allegro scherzando du concerto n° 2, la fluidité et la légèreté pleine d’alacrité de son jeu éclairent la partition d’une vive lumière. Fantaisie et vivacité rajeunissent l’œuvre.

Dans le concerto n° 5, composé lors d’un séjour du compositeur à Louxor, d’où son surnom « L’Egyptien », la pianiste intègre avec musicalité, mais sans ostentation folklorisante, les modes « orientaux » introduits à dessein par Saint-Saëns, en particulier dans le mouvement central, tout imprégné de couleurs étranges. En outre, Mūza Rubackyté n’hésite pas à souligner le caractère délibérément « jazzy » du final Molto Allegro.

Les deux accompagnements orchestraux soutiennent la soliste avec efficacité, tout en lui laissant une belle liberté d’action. Sans aucun doute, la tension du direct apporte un supplément d’adrénaline qui pimente ces deux interprétations.

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