Un chef d’orchestre estonien, un orchestre allemand, un chœur basque espagnol, une soprano française et une mezzo-soprano britannique sont réunis ici pour l’une des plus grandes fresques symphoniques visant à l’universel. La deuxième symphonie de Gustav Mahler renoue en effet avec la symphonie avec chœur et solistes vocaux inventée quelques dizaines d’années auparavant par un certain Beethoven. Lorsque celui-ci célèbre la joie qui rassemble les hommes, celui-là évoque leur éternité.

 

La composition de la symphonie « Résurrection » a nécessité de la part de Mahler un effort de longue haleine qui s’est étalé sur six années. Les trois premiers mouvements, purement instrumentaux, et le lied intimiste qui suit, préparent l’auditeur au grand élan final dans lequel le chœur ouvre les portes du paradis. Ce cheminement ascendant constitue la grande affaire de la partition. Paavo Järvi, membre d’une véritable dynastie de grands chefs (son père Neeme et son frère Kristjan partagent sa vocation), s’est depuis longtemps forgé un prénom.

Il dirige ici le Frankfurt Radio Symphony Orchestra qui doit sa tradition mahlérienne au chef israélien Eliahu Inbal avec lequel il a enregistré le cycle intégral des symphonies dans les années 80. On retrouve dans l’enregistrement dirigé par Paavo Järvi le grand style Mahler de l’épopée. Sa direction particulièrement analytique aborde l’œuvre avec un projet bien établi. Chaque épisode et chaque nuance sont réfléchis et réalisés avec soin. De l’Allegro maestoso initial, vaste marche funèbre intitulée « Totenfeier » dans une première version isolée, le chef donne une vision très différenciée, acérée avec d’impalpables moments de tendresse et un Dies irae implacable. L’Andante est particulièrement contrasté, comme il se doit, alors que le troisième volet, au rythme bien marqué, déroule son imperturbable récit tiré du Prêche aux poissons de Saint-Antoine de Padoue. Une ironie légère imprègne tout l’épisode. Urlicht joue très bien ici son rôle de moment clé de toute l’œuvre grâce à l’intervention touchante de la mezzo-soprano Alice Coote. Elle est rejointe, dans le final par Natalie Dessay, soprano de luxe pour une si courte mais décisive intervention. Le vaste final déploie tous ses fastes dans une montée irrésistible vers la lumière. La dynamique atteint ici ses limites extrêmes. L’Orfeón Donostiarra émerge du silence comme une apparition surnaturelle. Paavo Järvi déchaîne toutes les forces instrumentales et vocales avec une admirable gradation, sans le moindre excès démonstratif. Probablement l’un des enregistrements récents les plus attachants de cette partition fascinante.

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