Disques

La Lucia de notre temps ?

La rareté des coffrets d’intégrales lyriques est tellement la norme de nos jours que l’on aimerait applaudir à tout rompre à la publication de ce qui est devenu actuellement un véritable ovni. Sans s’être installé, comme au bon vieux temps, dans un studio pour enregistrer cette Lucia di Lammermoor, ERATO a planté ses micros pendant quelques jours de juillet 2013 à Munich, dans la Philharmonie im Gasteig et capté ainsi cet opéra donné en public en version de concert (la plaquette indique « live »).

Une autre intégrale de l’emblématique opéra de Gaetano Donizetti alors que nos étagères sont chargées de versions de référence de cette œuvre ? Pourquoi pas, si la distribution mérite d’être immortalisée dans cet ouvrage. Baladant (?) sa Lucia de Berlin à Milan, de San Francisco à Vienne et à Munich, la chanteuse allemande Diana Damrau est devenue une star de l’art lyrique planétaire. Soprano colorature, elle débuta il y a une quinzaine d’années avec d’innombrables et inévitables Reine de la Nuit. Aujourd’hui, à l’aube de ses 44 ans, la voix s’est sensiblement et normalement assombrie et les rôles qui font son répertoire tournent autour de Traviata, Manon et I Puritani. Et bien sûr cette Lucia di Lammermoor.

Si l’on veut bien faire l’impasse sur un bas medium et un grave projetés avec discrétion, le centre de la tessiture ici requise de même que le départ du registre aigu sont bien ceux nécessaires à cet emploi. Demeurent deux points alarmants, voire disqualifiants. Le premier est certainement une tension dans le haut du registre aigu qui confine les notes les plus élevées au rang de hurlements. Ce qui manque sérieusement de charme, vous en conviendrez. On ne change pas impunément de répertoire comme cela, Natalie Dessay en connaît un rayon sur ce sujet…

Le second point, celui-ci trop connu chez cette cantatrice, c’est son incapacité à incarner un personnage. Ce brûlot de tendresse et de folie qu’est l’héroïne de Lammermoor ne passe pas la rampe du micro et laisse dans un froid glacial, mettant de facto à découvert les problèmes vocaux. Attention, tout n’est pas à jeter. Excellente musicienne, Diana Damrau nous gratifie de quelques belles demi-teintes et, même si le souffle est parfois un peu court, le phrasé n’en demeure pas moins d’une belle tenue. Fallait-il pour autant figer cette interprétation ? Non, assurément. D’autant que ses partenaires ne font rien pour relever le niveau. De la voix au grelot insupportable du ténor maltais Joseph Calleja (Edgardo) à Ludovic Tézier (Enrico) dans l’incapacité de plus en plus flagrante de donner corps et âme à ses personnages, en passant par Nicolas Testé (Raimondo et Monsieur Damrau dans le civil) que l’on a connu plus en voix, les motifs de satisfaction sont rares.

A la tête des phalanges de l’Opéra de Munich, Jesùs Lopez-Cobos tente, malgré tout mais sans grand succès à vrai dire, de sauver le navire du naufrage.

Nous attendons beaucoup, mais vraiment beaucoup plus de l’autre coffret qui doit sortir à la rentrée de septembre chez Warner et qui doit nous livrer le Radames de Jonas Kaufmann !

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