Disques

Karl Böhm, l’héritage

La longue carrière de Karl Böhm s’est achevée le 14 août 1981, date de sa disparition à l’âge de 86 ans, alors qu’il avait atteint une sorte d’apothéose résultant du profond respect que lui vouait légitimement le monde musical. Aussi actif dans le domaine symphonique que dans celui de l’opéra, il n’a cessé de défendre les compositeurs du grand répertoire germanique, de Mozart à Richard Strauss, et même les compositeurs de la deuxième Ecole de Vienne, Alban Berg en particulier. La Deutsche Grammophon, qui lui a ouvert tout grand ses catalogues, édite un copieux coffret de 23 CDs rassemblant les derniers enregistrements de studio qu’il a réalisés de 1969 à 1980. Il y dirige trois des plus grands orchestres qui l’ont accompagné, le Wiener Philharmoniker, la Staatskapelle de Dresde, les plus assidus, mais également le London Symphony Orchestra.

Né à Graz en 1894, le jeune Karl est d’abord dirigé vers les études de droit… au cas où il ne réussirait pas dans la musique. C’est heureusement la musique qui l’emporte. Il débute en 1917 comme répétiteur à l’opéra de Graz. En 1921, Bruno Walter l’engage à la tête du National Theater de Munich. Il y rencontre le compositeur Richard Strauss avec lequel il noue une longue amitié et dont il crée quelques-uns de ses ouvrages. Sa carrière est lancée. Elle connait un développement international exponentiel après la Seconde Guerre Mondiale.

La rigueur extrême, mais sans froideur, de sa direction, caractérise ses interprétations. D’après la grande mezzo-soprano Christa Ludwig : « Avec lui, on percevait toujours la valeur des notes ». La plupart des grands compositeurs qu’il a servis avec humilité sont représentés dans le coffret qui vient d’être publié. Mozart, bien sûr, avec six de ses plus célèbres symphonies (les n° 29, 35, 38, 39, 40 et 41), la symphonie concertante pour instruments à vent, la Musique funèbre maçonnique, la célébrissime Petite Musique de nuit, et surtout le Requiem qui reste une référence dans la vision préromantique de cette œuvre ultime. Joseph Haydn est également présent avec quelques-unes de ses dernières symphonies.

Beethoven, qui n’a cessé d’accompagner le chef, est ici représenté par sa 9ème symphonie, ses ouvertures et surtout par une fascinante interprétation de sa Missa Solemnis, avec un quatuor de solistes de rêve (Margaret Price, Christa Ludwig, Wiesław Ochman et Martti Talvela). Schumann et Schubert sont également représentés, dans cette vision à la fois solennelle et ample du chef pour lequel rigueur rime avec vigueur. On regrette un peu que Richard Strauss ne soit présent que par son poème symphonique Heldenleben, mais la légitimité de l’interprétation compense la rareté. La dynastie des homonymes rois de la valse viennoise (Johann et Joseph Strauss) y côtoie l’inattendu Tchaïkovski, abordé ici avec le London Symphony orchestra. Deux CDs sont consacrés à l’incontournable Wagner (ici seulement symphonique) que Böhm a si profondément et si passionnément servi avec une lumière toute particulière.

Enfin saluons l’héritage brucknérien irremplaçable du grand chef qu’il investit ici avec un Wiener Philharmoniker en état de grâce. Les symphonies n° 7 et 8 représentent peut-être le sommet de cette compilation bienvenue. L’art d’un grand chef.

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