Disques

Dvořák par les siens

La fameuse symphonie « Du Nouveau Monde » ressemble à l’arbre qui cache la forêt. Surtout s’il s’agit de la belle forêt de Bohème. L’œuvre symphonique d’Antonin Dvořák mérite un autre sort que celui de faire valoir d’un seul opus. Voici une parution qui remet en perspective un répertoire riche de couleurs et d’originalité. L’atout essentiel de ce coffret de 6 CDs réside dans l’authenticité de cette vision profondément tchèque. En effet, sous la direction du grand chef – tchèque – Jiří Bělohlávek, la phalange qui joue ici dans son propre arbre généalogique n’est autre que la prestigieuse Philharmonie – Tchèque -.

Quelle chance que le jeune garçon boucher ait suivi sa forte attirance pour la musique. Son parcours musical l’a conduit, de son vivant, vers les plus hauts sommets de la célébrité. Au point d’être appelé, vers la fin de sa vie, à la direction du Conservatoire National de New York, ceci de 1892 à 1894. C’est d’ailleurs ce relativement court séjour qui vit la naissance de ses œuvres les plus populaires. Outre sa 9ème symphonie « Du Nouveau Monde », son concerto pour violoncelle et son plus célèbre quatuor à cordes, le 12ème, baptisé « Américain » datent de cette période.

Le coffret qui paraît chez DECCA rassemble les 9 symphonies et les trois concertos, pour violon, pour violoncelle et pour piano. La beauté et la spécificité des timbres de la phalange tchèque n’a pas d’équivalent. Le fruité des bois, la rondeur des cuivres, la finesse, le lyrisme soyeux des cordes sont ici à leur apogée. Le chef qui coordonne ainsi ces qualités, le Tchèque Jiří Bělohlávek, possède une trajectoire significative. Ayant étudié la direction d’orchestre avec Sergiu Celibidache, il fut nommé à la tête de la philharmonie de Brno (de 1972 à 1978), de l’Orchestre symphonique de Prague (de 1977 à 1989), puis enfin du prestigieux Orchestre philharmonique tchèque dès 1990, en tant que chef permanent puis chef invité. Sa légitimité dans le répertoire enregistré ici éclate à l’évidence. Ses choix de tempo, les équilibres sonores, les nuances, l’agogique apparaissent naturels et vrais.

Reconnaissons que la popularité des cinq premières symphonies de Dvořák est loin d’atteindre celle des suivantes. Elles possèdent pourtant un charme juvénile, une ardeur qui méritent d’être plus souvent inscrites aux programmes des concerts. Les deux premières, paradoxalement les plus longues de la série, seront probablement une découverte pour la plupart des mélomanes. Les quatre dernières, les plus familières, brillent tout particulièrement ici par la grandeur, la ferveur de leur interprétation. Enfin les trois concertos complètent harmonieusement l’ensemble. Le concerto pour piano reste par son caractère une œuvre de jeunesse pleine de charme, grâce à la participation vigoureuse de l’Américain Derrick Ohlsen. Postérieur de trois ans seulement, le concerto pour violon est joué ici par le grand artiste qu’est Frank Peter Zimmermann : vitalité, jeunesse caractérisent son jeu soutenu par son ample sonorité. La jeune violoncelliste américaine Alisa Weilerstein déploie un lyrisme convaincant dans le très héroïque concerto écrit tardivement par Dvořák pour son instrument.

Voici donc, à un prix particulièrement doux et dans une série d’enregistrements de haute qualité techniques, une très belle intégrale pour tous ceux qui souhaitent élargir leur approche de ce grand compositeur.

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