Disques

Chostakovitch, la voix du violoncelle

L’œuvre de Dimitri Chostakovitch connaît actuellement un renouveau de ses interprétations. A côté de ses quinze symphonies et de ses quinze quatuors, ses six concertos (deux pour violon, deux pour piano et deux pour violoncelle) occupent une place importante dans la production musicale du XXème siècle. Valery Gergiev et son Orchestre du Théâtre Mariinski s’attachent depuis longtemps à faire vivre cette musique un temps négligée. Pour les deux concertos pour violoncelle, ils ont choisi comme soliste l’un des grands musiciens français actuels en la personne de Gautier Capuçon, personnalité attachante et artiste passionnant.
Ces deux concertos, composés respectivement en 1959 et en 1966, ont été marqués par la forte personnalité de leur dédicataire, Mstislav Rostropovitch. Le grand Slava en a extrait toute l’intensité, la noirceur et l’émotion qu’ils véhiculent. Est-ce à dire que cette « statue du commandeur » inhibe ceux qui souhaitent s’y exprimer ? Certainement pas et c’est bien ainsi. Bien évidemment, comme toutes les partitions de cette envergure il n’existe pas une seule manière de les interpréter.

Avec Gautier Capuçon, ces concertos trouvent une nouvelle voie vers notre sensibilité. La participation de l’Orchestre du Mariinski et de Valery Gergiev va bien au-delà d’un simple accompagnement musical. La fusion entre le soliste et l’orchestre s’avère éblouissante.

Le concerto n° 1 est dominé par le thème initial, faussement bondissant, constitué des notes de la signature DSCH du compositeur. Le soliste lui confère cette fausse légèreté, si caractéristique de l’ambigüité expressive du compositeur. Le rythme joue ici un rôle essentiel.

L’émotion la plus intense, l’inquiétude, l’angoisse même, habitent tout le mouvement central Moderato. Dans la longue et redoutable cadence du violoncelle qui sert de transition vers le final, Gautier Capuçon exploite avec profondeur toutes les ressources virtuoses et expressives de son instrument. Enfin, le Finale explose sous les assauts des vents et de la percussion, à la fois cruels et agressifs.

Le jeu du soliste s’adapte parfaitement à l’atmosphère très différente du second concerto. La noirceur, la sombre intériorité de cette partition prennent à la gorge. Le long chant désolé qui ouvre l’œuvre véhicule une émotion intense. Le violoncelle se fait plainte douloureuse jusqu’aux tragiques échanges avec la percussion. Les accents populaires du premier Allegretto détendent provisoirement l’atmosphère. Dans le mouvement final, la lutte entre le soliste et les divers pupitres de l’orchestre atteint une acuité hallucinante, jusqu’aux derniers échanges avec quelques diaboliques percussions comme précédant la mort. Gautier Capuçon et la phalange russe trouvent là un magnifique terrain de collaboration, les sonorités sombres de l’orchestre s’associant magnifiquement à la richesse de celles du violoncelliste. Un grand disque !

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