Danse

Un éternel enchantement

Dans le répertoire de ballet de l’Opéra de Paris, il y a fort à parier que cette production de Casse-noisette figure parmi les trésors les plus inestimables. Créée en 1985, elle revient régulièrement durant les fêtes de Noël et enchante un public de tous âges qui l’accueille avec enthousiasme.

Lorsqu’E. T. A. Hoffmann (1776-1822) publie en 1816 son Casse-noisette et le Roi des rats, il est loin de se douter qu’à la fin du 19ème siècle, un chorégraphe de génie, français de surcroît : Marius Petipa (1818-1910), écrira sur cette trame littéraire et une composition de Tchaïkovski, l’un des ballets romantiques les plus célèbres de toute l’Histoire de la danse. Entre temps, Hoffmann a été adapté en français par Alexandre Dumas père (1802-1870). C’est d’ailleurs à partir de cette version française que travaillera Petipa pour le Mariinski de Saint-Pétersbourg, une version, à vrai dire, édulcorée et plus proche des contes de Noël traditionnels que du conte à la fois crépusculaire et lumineux, poétique et psychanalytique du romancier allemand.

Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio (© Julien Benhamou)

C’est au Ballet de l’Opéra de Paris que Rudolf Noureev (1938-1993) offre en 1985, dans les somptueux décors et costumes de Nicholas Georgiadis, sa vision de Casse-noisette, une relecture majeure, à la fois freudienne, intensément onirique et souverainement romantique

A quelle plus merveilleuse Clara peut-on rêver après avoir vu danser Dorothée Gilbert ? Non seulement elle possède à la perfection toute la grammaire technique du rôle, la grâce naïve et la suprême musicalité, mais en plus elle lui insuffle ce supplément d’âme qui permettra à la jeune fille de regarder son petit casse-noisette devenu prince charmant avec les yeux de l’amour. Pour la petite histoire, Dorothée Gilbert fut nommée Etoile en 2007 à la suite de sa première… Clara !

Le Corps de ballet dans la danse des flocons de neige (© Julien Benhamou)

A ses côtés, dans le double rôle du parrain Drosselmeyer et du Prince, une autre Etoile lui donne une réplique sans faille : Mathieu Ganio. Un rien tendu sur le premier adage, il laisse très rapidement son indiscutable autorité et sa classe naturelle prendre le dessus, accompagnant Clara dans ses rêves les plus fantasques avec une suprême élégance.

Un duo souverain.

Bien sûr, il convient, sans les citer tellement ils sont nombreux, de féliciter l’ensemble des autres artistes solistes ou appartenant au corps de ballet, fortement mis à contribution, de même que les élèves de l’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris, à l’évidence aussi enthousiastes que le public. Ce qui n’est pas peu dire !

L’Orchestre Colonne était sous la direction du maître américain Kevin Rhodes.

Partager