Danse

L’humanité d’un monstre

Avec Caligula, l’Opéra de Paris vient d’offrir à son danseur étoile fétiche, Nicolas Le Riche, son premier ballet en tant que.chorégraphe. Retour sur une fascinante création.
Dans l’inconscient collectif, le personnage de l’empereur Caligula est totalement assimilé à celui d’un tyran dépravé. Ce qui n’est point tout à fait faux. Ni tout à fait vrai.
Lisant, il y a quelques années, Vies des douze Césars (Suétone), Nicolas Le Riche découvre un tout autre portrait de ce jeune homme qui, élevé parmi la soldatesque, se retrouva empereur de Rome à 25 ans, une fonction qu’il occupa quatre petites années avant d’être assassiné de trente coups de poignards. En fait, ce que notre étoile découvre surtout, c’est un personnage adorant les spectacles, le théâtre et la pantomime. Il ne restait plus à Brigitte Lefèvre, directrice de la danse à l’Opéra, qu’à passer commande. S’associant, pour la dramaturgie, à Guillaume Gallienne (de la Comédie -Française), Nicolas Le Riche se lance dans une aventure qui va le tenir de long mois en haleine.
Construisant son ballet selon les règles de la tragédie classique, il va lui donner comme accompagnement musical un tube de la musique classique : Les Quatre Saisons de Vivaldi, non pour son statut de standard, mais parce que ses quatre concertos vont du Printemps à l’Hiver, comme un inexorable cheminement vers la Mort. A cette musique s’ajoute une création électroacoustique signée louis Dandrel.
Dans un décor d’une sobriété exemplaire, Nicolas Le Riche a écrit une chorégraphie refusant toute contrainte, libérant les corps afin qu’ils traduisent au mieux l’intimité de tous les acteurs de cette tragédie.
La divine surprise a été l’incarnation, au sens propre du terme, du jeune tyran par le danseur étoile Mathieu Ganio. Après quelques apparitions qui nous avaient laissé perplexes, nous le retrouvons dans une forme physique incroyable de sûreté et donc d’aisance, une aisance lui laissant le temps de faire vibrer intensément son personnage, des crises d’épilepsie à une fin brutale en passant par des moments d’une poésie extatique voire surréaliste et des vertiges délirants complètement angoissants. Un énorme talent vient de s’affirmer.
Il convient également de saluer pour leurs impeccables prestations, trois étoiles tout aussi souveraines : Claire-Marie Osta (la Lune), Wilfried Romoli (Chaerea) et Laurent Hilaire (Mnester), également Gil Isoart, un sujet qui, dans le rôle du cheval Incitatus, recueillit un succès largement mérité.
Une entrée longuement ovationnée au répertoire de notre première scène nationale.

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